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Le Courrier L'essentiel, autrement

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Trop peu, trop tard!

Hans-Peter Renk réagit à l’article «Entrave à l’aide humanitaire à Gaza le ‘point de bascule’» du 30 mai dernier.
Conflit

Ainsi, l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) et l’Eglise protestante de Genève ont enfin publié des déclarations pour demander l’entrée de l’aide humanitaire et la protection des populations civiles, ce qui implique la fin des bombardements israéliens sur Gaza. «Il vous aura donc fallu attendre au moins 80 000 morts (…) pour reprendre nos mots à nous, les défenseurs du droit international» (Aymeric Caron, député LFI, à la journaliste Anne Sinclair). Selon le journal médical britannique The Lancet, les chiffres officiels des autorités de Gaza sous-évaluent le nombre des victimes (dont beaucoup sont ensevelies sous les ruines).

J’ai pu lire les déclarations de ces deux Eglises. Ma réaction fut la suivante: trop peu, trop tard! Quand elles ne s’étaient pas tues, leurs instances officielles avaient tenu auparavant des propos contestables. Quelques exemples:

  • – le 12 octobre 2023, l’Eglise vaudoise dénonçait l’attaque du Hamas contre Israël, sans un mot pour les victimes palestiniennes (déjà nombreuses à cette date) des représailles israéliennes;
  • – le 3 novembre 2023, le directeur de l’Institut pour l’étude des religions et le dialogue interreligieux à l’université de Fribourg, Mariano Delgado, publiait un texte dégoulinant de paternalisme eurocentré envers les musulman·es de Suisse, qu’il accusait de non-intégration réussie et d’antisémitisme latent(!);
  • – lors de la Journée mondiale de prière 2024, les chrétiennes palestiniennes furent «priées» par l’EERS de ne pas utiliser dans la liturgie le mot «nakba» et le symbole de la clé, rappelant l’exode de 800 000 Palestinien·nes en 1947-1948, chassé·es de leur patrie par l’armée israélienne;
  • – le 20 décembre 2024, le site reformes.ch insérait, sans aucune prise de distance critique, un communiqué du rabbin de la communauté juive de Lausanne et du canton de Vaud, niant purement et simplement le génocide en cours à Gaza;
  • – Mme Rita Famoos, présidente de l’EERS, se demandait il y encore quelques semaines: «Une Eglise peut-elle condamner Israël?». Elle admettait donc implicitement la propagande israélienne pour qui toute critique de cet Etat serait une position antisémite.

Il serait temps que ces Eglises condamnent enfin les textes génocidaires contenus dans plusieurs livres de l’Ancien Testament – cités par des membres du gouvernement fasciste israélien, leur premier ministre en tête – et rompent avec la «théologie de l’Empire» (Munther Isaac, pasteur palestinien à Bethléem, sermon de Noël 2023).

Hans-Peter Renk, Le Locle