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Pas d’école en prison

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NON au CFA du Grand-Saconnex

Le Centre fédéral d’asile (CFA) du Grand-Saconnex a déjà été décrit comme ce qu’il s’apprête à être: une prison pour gérer les expulsions. Si cela ne suffisait pas, on apprenait en février dernier par voie de presse que ce CFA «sera[it] opérationnel à la rentrée d’automne» et que la scolarisation des enfants aurait lieu à l’intérieur du bâtiment, entouré de grillages, entre la piste de l’aéroport et une bretelle d’autoroute.

Interpellées, les autorités genevoises – qui ont la prérogative avec la commune concernée d’organiser la scolarisation des enfants dans les CFA – prétendent «regretter cette localisation», qu’elles justifient toutefois en «ne voyant pas d’alternative, puisqu’il n’y aurait pas les moyens ni la place de faire mieux». Vraiment? Dans une ville riche d’un des pays les plus riches de la planète, de la place, il y a les moyens d’en trouver. Des associations et syndicats se sont d’ailleurs mobilisés pour rappeler que les préfabriqués dans les écoles n’étaient pas une nouveauté. Et que les autorités avaient largement le temps de s’organiser, puisque le canton a négocié ce centre avec le Secrétariat d’Etat aux migrations en… 2016!

Une autre excuse du gouvernement genevois fait valoir la brièveté du séjour. Ce qui revient à dire que, pour le Conseil d’Etat, les droits humains peuvent être mis sous le tapis, à partir du moment où cela ne dure pas longtemps… La décision de donner des cours dans une prison est pourtant une atteinte au droit des enfants de pouvoir bénéficier d’une scolarité non discriminatoire, quel que soit leur statut. Ce droit est pourtant garanti par les constitutions suisse et genevoise. Dans un rapport1www.education-maintenant.ch/actualits/nouvel-rapport-quand-le-droit-a-leducation-ne-sapplique-pas-a-tout-le-monde du collectif «Education pour toutes et tous – maintenant!» publié en octobre 2024, les nombreuses inégalités inhérentes à une scolarisation à l’intérieur d’un CFA ont pourtant été mises en lumière: ambiance bruyante et anxiogène impropre à l’apprentissage; absences nombreuses et non remplacées des enseignant·es (parce que même avec la meilleure volonté du monde, travailler dans ces conditions, c’est difficile); regroupement inapproprié des âges et des niveaux scolaires (deux classes prévues pour 50 enfants environ, de 4 à 15 ans); absence de préau; programme d’enseignement et horaires de cours au rabais; etc.

Le manque de bâtiments et de places ne peut en aucun cas servir d’excuse ou de paravent à une politique qui choisit délibérément d’instaurer une éducation qui exclut et discrimine les plus vulnérables. Genève a les moyens de financer des lieux de classe dignes de ce nom. En prenant une telle décision, le gouvernement entérine, qu’il le reconnaisse ou non, l’idée selon laquelle les besoins des mineur·es varient en fonction de leur statut et/ou de leur origine.

Le 10 avril dernier, une majorité au Grand Conseil (PS, Verts, Le Centre, MCG) a voté une résolution pour demander au Conseil d’Etat de prévoir l’intégration des enfants hébergés au CFA dans les écoles régulières du quartier. Puis une pétition2> Signer la pétition: https://act.campax.org/petitions/non-a-l-ecole-prison a été lancée par les associations de soutien aux réfugié·es, les syndicats et quelques partis, réclamant la même chose: un minimum pour que les enfants du CFA soient considéré·es comme des enfants et que leurs droits soient respectés. Outre l’intégration de ceux en âge scolaire dans les écoles publiques, le texte exige aussi la garantie de non expulsion des parents et des enfants sur le chemin de l’école et durant la journée de cours, ainsi que la possibilité pour les parents d’accompagner leurs enfants.

Pas d’école-prison pour les enfants! Non au CFA!

Solidarité Tattes est une association de soutien aux migrant·es basée à Genève (solidaritetattes.ch)

 

Un rassemblement pour remettre la pétition au Conseil d’Etat est organisé mardi 3 juin 18 h aux Canons, 1 rue de l’Hôtel-de-Ville. Venez nombreux·euses!

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