En janvier 2016, la Confédération passait un accord avec Genève par lequel le canton acceptait ce deal: la construction d’un Centre fédéral d’asile (CFA) sur son territoire, contre une diminution du quota de demandeur·euses d’asile que chaque canton doit accepter. Sale marché conclu.
Pour rappel, depuis 2019, la nouvelle loi sur l’asile prévoit que toute personne déposant une demande d’asile en Suisse soit tout d’abord prise en charge dans un CFA pour commencer à traiter la demande. Mais un CFA, c’est surtout un bâtiment qui doit rendre difficile le contact avec la population locale et les associations d’aide aux migrant·es. C’est un lieu conçu pour empêcher toute velléité d’intégration, où même l’école est dispensée en interne. Sa réglementation est proche de celle du milieu carcéral. Certaines personnes peuvent y rester jusqu’à 140 jours, en attente de leur attribution à un canton ou de leur renvoi vers d’autres pays.
Dès 2020, nous, associations de soutien aux requérant·es d’asile, nous sommes mobilisées par une manifestation contre la construction du CFA au Grand-Saconnex. En 2021, nous avons adressé une lettre ouverte au Conseil d’Etat genevois, puis une pétition au Grand Conseil et au Conseil d’Etat. Nous sommes allé·es directement sur le terrain où était prévue la construction du CFA, au Grand-Saconnex. Nous avons planté un arbre symbolique pour dire que là ne devait pas se construire un centre prévu pour héberger des personnes, compte tenu de la pollution atmosphérique et acoustique en bordure de la piste de l’aéroport et – surtout – du fait que Genève ne doit pas accepter d’être la capitale suisse de l’expulsion.
Avril 2025. Le CFA est prêt à être inauguré et devrait ouvrir au début de l’été, avec une capacité de 250 places. Le CFA du Grand-Saconnex est construit entre une bretelle d’autoroute et le tarmac de l’aéroport. Il impose un climat totalement insalubre pour des êtres humains, et il garantit aussi un climat de peur du renvoi permanent. Le lieu choisi pour construire le CFA genevois ne laisse aucun doute: ce n’est pas un Centre fédéral d’asile mais bien un Centre fédéral d’expulsion (CFE) qui ouvrira ses portes sur le territoire de Genève, terre d’accueil.
L’ouverture de ce centre est un pas de plus vers la restriction du droit d’asile dans notre pays; ce qui peut donner des ailes aux xénophobes et aux partis d’extrême droite. Avec quelques cerises déposées récemment sur le gâteau: une ordonnance autorisant la fouille des téléphones des requérant·es d’asile au mépris du respect des données privées. Ou encore le désir de certains partis politiques d’autoriser la sédation des personnes déboutées avant leur renvoi forcé de notre pays – projet actuellement discuté par nos dirigeants au niveau national.
Le CFA est construit, mais la lutte continue contre la politique d’asile ignoble de notre pays et pour le soutien des personnes qui devront passer par ce centre.
Nous invitons toutes celles et ceux qui le désirent à participer à notre «Appel à contre-projets», car peut-être que les autorités ont besoin de notre aide et de nos idées pour abandonner la sinistre version du CFA du Grand-Saconnex!…
A quoi pourrait bien servir cet édifice? Par des dessins, des poèmes, des photos, des sculptures et tout autre moyen d’expression, imaginez des reconversions possibles de ce CFA.1>Vos réactions et créations sont à envoyer à nonaucentrederenvoi@gmail.com; les réalisations seront exposées à Duplex, 9, rue des Amis, Genève, entre le 15 et le 28 mai. Infos: nonaucentrederenvoi.wordpress.comNon au CFA!
Notes