Pour faire écho à l’article de Sophie Gremaud paru le 2 avril dans votre journal au sujet du FCC (Futur collisionneur circulaire), je vous transmets quelques mots au sujet de la soirée de présentation (aux allures de poisson d’avril, le rire en moins) organisée par le CERN.
Elle fût impeccable: la promotion du projet bien rôdée et la propagande décomplexée. Dans la présentation, il a été question d’option raisonnable et d’installation pratiquement invisible en surface.
A la suite de quoi l’intervention d’une auditrice bien informée nous apprendra que les chiffres présentés comme étant ceux de la réalisation finale (pour le diamètre des tunnel, etc) sont en fait ceux, bien inférieurs, des études préliminaires. Dans la présentation officielle la question des millions de tonnes d’excavation avec les dizaines de milliers de camions de 16 tonnes nécessaires à leur évacuation ainsi que l’élargissement inévitable des petites routes communales, et l’impact sans doute irrémédiable qu’il aura sur une campagne encore préservée, n’est jamais évoquée.
Le second volet intitulé information du public et participation de la population laisse tout aussi perplexe. De toute l’assemblée, seuls trois habitants de Presinge avaient reçu l’information du CERN signalant cette séance. Le tout-ménage annoncé n’étant jamais arrivé, ce sont des habitants de Presinge eux-mêmes qui ont posé à la dernière minutes des affiches.
Les questions qui dérangent restent sans réponse: celle concernant la confiscation du droit démocratique d’opposition au FCC – la compétence étant passée de communale à fédérale par un tour de passe-passe qui permet au CERN de piétiner aujourd’hui la loi fédérale sur les terres agricoles –– donne lieu à un réponse touffue mais hors sujet. Les présentateurs n’ont jamais entendu parler de la pollution avérée des eaux du collisionneur actuel. Autre pirouette pour une question interrogeant l’éthique d’une telle démesure à un moment où la conscience de la finitude des ressources s’impose.
En revanche, ils sont intarissables pour louer ce projet décrit comme futuriste: il est question de produire du savoir, de niveau de compétition, de poursuivre la connaissance.
C’est maintenant la pensée elle-même que l’on cherche à confisquer…car on sait que qu’un collectif de près de 400 scientifiques condamne ce projet qu’il considère dépassé tant par l’objet de sa recherche, par le cadre choisi axé sur une logique obsolète de marché, que par le déni de la question climatique.
Claude Schaeppi Borgeaud,
Presinge (GE)