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Ils veulent vider Gaza

En quelques jours, l’armée israélienne a tué plus de 700 Palestinien·nes, dont 200 enfants. Portant au-delà de 50 000 le nombre de vies effacées par Tsahal depuis le 7 octobre 2023. KEYSTONE
Gaza

«La seule solution pour la bande de Gaza est de la vider de ses habitants (…) Dieu nous a envoyé l’administration [Trump], et celle-ci nous dit clairement: il est temps d’hériter de la terre.» C’est à l’aune de ces mots, prononcés le 11 mars par la ministre israélienne de l’Environnement, Idit Silman, qu’il faut appréhender la reprise de l’assaut génocidaire contre Gaza – soutenu avec enthousiasme par le président étasunien.

Selon Israël Katz, le ministre israélien de la Défense, l’offensive terrestre débutée il y a une semaine sera d’une ampleur et d’une brutalité inégalées. On le croit sur parole. A Gaza, la population civile est à nouveau assiégée et affamée. Hôpitaux, journalistes et camps de déplacé·es sont fauchés par les bombes. En quelques jours, l’armée israélienne a tué plus de 700 Palestinien·nes, dont 200 enfants. Portant au-delà de 50 000 le nombre de vies effacées par Tsahal depuis le 7 octobre 2023, selon les estimations du ministère de la Santé de Gaza – probablement très en deçà de la réalité.

«Le retour d’Israël à la guerre est le prélude à une expulsion massive de Palestinien·nes», souligne le site d’informations israélien +9721> +972, 18 mars 2025. La création d’une nouvelle administration chargée d’organiser le «transit volontaire» des résident·es de Gaza vers des pays tiers confirme l’avancée de ce projet de nettoyage ethnique – à l’œuvre aussi en Cisjordanie, où des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir les bombes israéliennes depuis janvier. Le «gouvernement le plus radical de l’histoire du pays»2> Le Monde, 24 mars 2025., qui ne cache plus sa nature raciste et suprémaciste, est aussi à l’offensive sur le plan intérieur, où il tente de renforcer sa mainmise sur l’Etat israélien.

Le projet autoritaire de Benjamin Netanyahou et ses allié·es se heurte heureusement à une importante vague de contestation. Mais cette opposition présente une contradiction de taille, pointée par la journaliste israélo-palestinienne Hanin Majadli: «Même ceux qui s’opposent à la guerre ont peur de dire que les habitants de Gaza sont aussi des êtres humains (…)

Comment est-il possible de dévaloriser la vie à Gaza, au point de devenir sans importance pour les Juifs d’Israël, tout en appelant à la préservation de la démocratie israélienne?»3> Haaretz, 21 mars 2025.

Dans ce contexte, seule la pression internationale, conjuguée à la résistance du peuple palestinien, pourra enrayer la mécanique génocidaire à l’œuvre. On en reste loin, car les Etats occidentaux – Suisse comprise – maintiennent leur complicité meurtrière avec le régime Netanyahou. Reste une lueur dans ces ténèbres: loin de s’essouffler, le mouvement populaire de solidarité avec Gaza redouble de combativité et d’inventivité.