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Faire front contre la répression

Manifestation de soutien à Mahmoud Khalil, mercredi dernier à New York. KEYSTONE
Palestine

Comme un gangster. Samedi dernier, Mahmoud Khalil été menotté et arrêté alors qu’il rentrait à son domicile new-yorkais, en compagnie de son épouse enceinte. Bien que détenteur d’un visa permanent aux Etats-Unis, M. Khalil est menacé d’expulsion. Motif: son engagement – pacifique – sur le campus de l’université de Columbia contre le génocide à Gaza.

En voie de radicalisation sous la houlette de Donald Trump, la répression du mouvement de solidarité avec la Palestine n’est cependant pas un monopole étasunien. En mai 2024, Amnesty dénonçait déjà les «tentatives alarmantes des autorités de pays européens de réduire au silence celles et ceux qui s’élèvent contre le massacre à Gaza». La tendance se poursuit, comme l’a rappelé la violente charge de la police berlinoise contre des manifestantes féministes dénonçant le génocide, le 8 mars dernier.

La Suisse ne fait pas exception. Pour preuve, le traitement brutal subi le 25 janvier dernier par Ali Abunimah, appréhendé, placé en détention durant deux jours puis expulsé de Suisse par la police zurichoise. Choquante, l’arrestation du journaliste palestino-étasunien est «indigne d’un Etat de droit », comme le dénonce une élue zurichoise. Elle est aussi une grave atteinte à la liberté d’expression. Et fait écho à la répression qui vise, depuis plusieurs mois, les manifestations de solidarité avec la Palestine en Suisse – notamment le mouvement en faveur du boycott académique, victime d’interventions policières, d’arrestations et de plaintes pénales1>Lire à ce sujet «Jeunesse bâillonnée», Magazine d’Amnesty International, mars 2025.

La récente annulation du contrat, pourtant dûment signé, du professeur Joseph Daher par la direction de l’université de Lausanne (Unil) relève de la même logique. Comme le souligne le Collectif pour la liberté académique, la démocratie et la solidarité à l’Unil, le licenciement déguisé de cet enseignant et chercheur reconnu s’inscrit «dans un contexte politique de pressions et de répression contre les scientifiques engagé·es sur la question de la Palestine». Le large mouvement de mobilisation exigeant la réintégration de Joseph Daher à l’Unil mérite donc tout notre soutien.

En Suisse comme ailleurs, les attaques contre le mouvement de solidarité avec la Palestine répondent à une volonté politique: briser une résistance populaire qui, en s’opposant au génocide à Gaza, remet en cause la fuite en avant autoritaire, militariste, raciste et coloniale des principales puissances capitalistes soutenant Israël – et son corollaire, la montée de forces politiques néofascistes.

Résister à ce bond en arrière revêt aujourd’hui une importance vitale.

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