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UNRWA, le vote de la honte

L'UNRWA constitue la pierre angulaire de l’aide humanitaire destinée à Gaza – et à l’ensemble des réfugié·es palestinien·nes. KEYSTONE
Palestine

Au milieu des cadavres et des destructions, 2,1 millions de Gazoui·es tentent de survivre à une crise humanitaire sans précédent, après avoir vécu l’enfer des bombes israéliennes durant quinze mois.

Lundi, calée dans les salles confortables du Palais fédéral, une majorité de la commission de politique extérieure du Conseil des Etats a pourtant encore ajouté à la détresse de la population palestinienne. Les élu·es se sont prononcé·es en faveur de la suppression du financement suisse à l’UNRWA, la pierre angulaire de l’aide humanitaire destinée à Gaza – et à l’ensemble des réfugié·es palestinien·nes.

Cette décision couronne la campagne de propagande menée en Suisse par les porte-voix du gouvernement suprémaciste de Benjamin Netanyahou. Dans la Berne fédérale, ce dernier peut compter sur le soutien aveugle des 40 élu·es membres du groupe interparlementaire d’amitié Suisse-Israël. C’est un membre de ce lobby pro-israélien, l’UDC Marco Chiesa, qui a fait pencher la balance en faveur de la motion déposée par son collègue de parti David Zuberbühler, lui aussi affilié à ce groupe.

Ce verdict, qui n’est pas encore définitif – le vote du plénum aura lieu le 18 mars –, est aussi une conséquence du travail de sape mené par le conseiller fédéral Ignazio Cassis. Ancien vice-président du groupe Suisse-Israël, le chef du Département des affaires étrangères (DFAE) multiplie depuis des années les attaques contre l’agence onusienne. En 2018, au retour d’une visite d’un camp de réfugié·es palestinien·nes en Jordanie, M. Cassis avait laissé entendre que l’UNRWA «fait partie du problème». Dans le même élan, le ministre PLR remettait en cause le droit au retour des Palestinien·nes, pourtant reconnu par les Nations unies, et embrassait le «droit à l’autodéfense» d’Israël – une position cyniquement répétée en novembre dernier pour justifier son refus d’appeler à un cessez-le feu, alors que les bombes décimaient la population de Gaza. Cerise sur le gâteau, le département dirigé par le libéral-radical n’a eu de cesse de minimiser les conséquences d’une suppression du financement de l’UNRWA.

Comme l’ont souligné des voix issues de la société civile, mais aussi au sein même du DFAE, couper les vivres à l’agence onusienne rangerait pourtant la Suisse dans le camp du régime génocidaire de Benjamin Netanyahou. Et ce, en violation de la Convention pour la répression et la prévention du crime de génocide et des Conventions de Genève. Il reste un mois pour convaincre les 46 élu·es de la Chambre des cantons de ne pas entériner cette décision qui marquerait la Suisse d’une tache indélébile.

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