«Ce qui se passe aujourd’hui est bien pire que la seconde Intifada. C’est comme à Gaza: aucune des maisons du camp n’est plus habitable.» Ainsi témoignait Sameera Abu Rmeleh au site d’information israélien +972, le 21 février. Cette habitante du camp de Jénine fait partie des 40 000 à 50 000 Palestinien·nes déplacé·es de force depuis le lancement de l’offensive israélienne en Cisjordanie, le 21 janvier dernier.
Après avoir vidé les camps de Jénine, de Tulkarem et de Nour Chams, le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a annoncé que ses troupes se préparaient à s’installer durablement dans une région qui ressemble désormais à une zone de guerre, où l’Etat hébreu déploie ses tanks.
La menace d’une annexion totale de la Cisjordanie, où résident déjà plus de 770000 colons, se rapproche plus que jamais, alertait l’Union des comités agricoles de Palestine, le 11 février dernier. La mise en œuvre de ce plan avait été annoncée en novembre par Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances d’extrême droite qui estime aussi «justifié et moral» d’affamer la population palestinienne. Encore une fois, au mépris flagrant du droit international – en juillet dernier, la Cour internationale de justice a rappelé le caractère illégal de l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens – et dans une relative indifférence médiatique.
Si l’offensive actuelle en Cisjordanie n’est pas arrêtée, «le génocide israélien contre les Palestiniens ne se limitera pas à Gaza», avertissait Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, au lendemain du lancement de l’invasion militaire de Jénine. Enhardi par le soutien de Donald Trump, le premier ministre, Benjamin Netanyahou, serait-il sur le point de mettre en œuvre ce terrible dessein? Depuis lundi, il peut compter sur un nouvel allié de poids en la personne de Friedrich Merz. Le futur chancelier allemand a en effet invité à Berlin le dirigeant israélien, pourtant sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Une caution et une promesse d’impunité criminelles à l’heure où Israël étend son entreprise de nettoyage ethnique à la Cisjordanie.