Haro sur le service civil. La commission de politique de sécurité du Conseil national a adopté mardi deux textes: un postulat et une motion. Le but est de réduire le nombre de civilistes, soi-disant pour fournir un contingent de soldats suffisants – combien? Un certain nombre! – à l’armée suisse.
L’attaque est double. Outre le retour du tristement célèbre examen de conscience, hérité de la guerre froide, les député·es préconisent l’introduction obligatoire d’un service de sécurité, par exemple via un quota obligatoire de 150 jours, au détriment du service civil. Cela évite aux tenant·es du gris-de-vert de se poser la question qui fâche: pourquoi de plus en plus de jeunes choisissent la voie du service civil, plus longue, plutôt que d’intégrer un corps armé?
Sans doute qu’ils se sentent plus utiles, moins brimés, voire qu’ils estiment que cela leur sera favorable en termes d’expérience professionnelle lors de la présentation d’un CV. Sans oublier que le Conseil fédéral n’en veut pas. Pour des raisons de coûts. L’opération coûterait cher: 900 millions de francs d’investissements et 900 millions de francs de frais de fonctionnement supplémentaires par an, selon la Fédération suisse pour le service civil (Civiva). Un peu dur à faire passer quand on coupe par ailleurs dans tous les budgets au nom de chiffres noirs.
C’est que le but est sans doute plus large que celui d’une simple efficience guerrière, mais bien plus de créer les conditions cadres d’un encadrement idéologique et moral du bon peuple que l’on devine rétif. La Suisse n’a pas d’armée, elle est une armée, relevait déjà l’écrivain Max Frisch.
Un programme bien dans l’air du temps réactionnaire qui se généralise partout dans le monde.