Les banquiers de la colonisation
Le sort de la population palestinienne n’émeut guère les institutions financières européennes, ni les Etats qui abritent leurs sièges.
Entre janvier 2021 et août 2024, pas moins de 822 d’entre elles ont financé de grandes entreprises impliquées dans la colonisation illégale des territoires palestiniens occupés. C’est ce que révèle un rapport de la coalition Don’t buy into occupation (DBIO), formée par 24 ONG et syndicats européens, publié ce 26 novembre 2024.
Parmi la soixantaine de sociétés soutenant ces colonies illégales, DBIO cite nombre de multinationales bien connues: Coca-Cola, Volvo, Siemens, Cisco Systems, Caterpillar, Vinci, Airbnb, Hewlett Packard, Carlsberg, Carrefour, Alstom ou encore Elbit Systems. Leur soutien à l’appropriation des territoires palestiniens prend des formes diverses: participation directe à la construction ou à l’équipement des colonies, fourniture de services et de matériel militaire, ou encore aide à la commercialisation.
Cela, avec le financement généreux des grands noms de la finance européenne – BNP Paribas, HSBC, Barclays, Santander, Deutsche Bank, Société générale, entre autres. En moins de trois ans, ces banques ont accordé aux entreprises soutenant les colons israéliens des prêts à hauteur de 211 milliards de dollars. En août 2024, elles détenaient également 182 milliards de dollars de participations dans ces sociétés.
Cet appui financier se fait en violation du droit international: en juillet 2024, la Cour pénale internationale a rendu un avis de droit confirmant que l’occupation par Israël de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est était illégale – comme le rappellent d’innombrables résolutions de l’ONU depuis 1967. La cour appelait en parallèle les Etats à mettre fin aux financements et investissements soutenant ces colonies.
Depuis, le gouvernement israélien a accéléré sa mainmise sur la Cisjordanie et Jérusalem-Est – ainsi que son pendant, l’expulsion brutale des Palestinien·nes de leurs terres. En parallèle, il a encore intensifié son assaut génocidaire contre Gaza. Depuis l’élection de Donald Trump, Benjamin Netanyahou et ses sbires suprémacistes se sentent carrément pousser des ailes. Bezalel Smotrich, le ministre des Finances israélien, affirme publiquement son intention de «réduire de moitié la population de Gaza».
Cette entreprise de nettoyage ethnique bénéficie du soutien de la finance européenne et de la complicité des Etats qui refusent de sanctionner les entreprises et banques complices d’Israël. Dans ce contexte, le renforcement de la campagne BDS, qui appelle justement à sanctionner ces sociétés, s’impose comme une nécessité.