Albert Rösti fait fausse route
Refus de l’élargissement du réseau autoroutier, protection maintenue pour les locataires face au lobby immobilier, seul EFAS (la loi dite sur le financement uniforme des prestations) a passé la rampe. Les votations de ce dimanche constituent un coup de semonce pour un Conseil fédéral coupé du peuple à force de surenchères dogmatiques. A commencer par l’udéciste Albert Rösti qui a joué une partition pour le moins problématique, notamment par ses rétentions d’informations, sur la question autoroutière.
Heureusement, ces fourberies n’ont pas suffi: par 53% de non, les Suissesses et les Suisses ont refusé ce projet d’élargissement des autoroutes. Une victoire historique pour les tenant·es d’une mobilité durable. Et un message fort, alors que les pays occidentaux ont fui leurs responsabilités lors de la COP29 qui s’est close à Bakou sur un compromis honteux.
On gardera certes à l’esprit que ce vote n’est pas uniquement motivé par des considérations écologistes: l’oubli des cantons romands dans la politique d’investissements routiers et la fronde d’une partie minoritaire du monde paysan peu encline au grignotage des terres agricoles a aussi pesé. Gageons aussi que les insupportables nuisances du trafic routier – le bruit en tête – empoisonnent la vie de larges pans de la population qui n’en peut plus.
A l’arrivée, saluons la victoire de la société civile qui a su mobiliser ses divers secteurs pour combattre un projet tout droit sorti du passé. Victoire sur laquelle il sera possible, espérons-le, de bâtir une mobilité plus durable. Plutôt que la fuite en avant basée sur les énergies fossiles défendue par les milieux économiques et leurs relais politiques, il est urgent d’imaginer un futur désirable et convivial. Notamment en développant le réseau de trains, de RER et de trams, et en agissant sur les tarifs. Les prix pratiqués par les CFF sont dispendieux, cela doit changer. Et le vélo reste encore le parent pauvre des mobilités de proximité.
Cette bonne nouvelle se double d’une victoire des milieux locataires sur les objets immobiliers face à la tactique du salami mise en œuvre par le lobby immobilier. Le problème n’est pas celui des sous-locations mais bien du niveau des loyers.
L’effet d’entraînement n’a pas suffi à blackbouler EFAS. Le blanc-seing aux caisses d’assurance-maladie risque d’avoir des effets pernicieux sur les primes. Le sujet était sans doute par trop technique. Et le rapport de force défavorable. A gauche, la liberté de vote laissée par les Vert·es et l’engagement en faveur du oui de certains poids lourds écologistes et socialistes ont sans doute rendu la mission impossible pour les syndicats à la base du référendum. La facture est encore à venir.