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«Notre santé n’est pas à vendre!»

Les commissions féministes du Syndicat des services publics (SSP) et de l’Union syndicale suisse (USS) refusent une «réforme sur le dos des femmes». Elles viennent d’adopter un Manifeste féministe contre EFAS, la réforme sur le financement des soins en votation le 24 novembre, publié ici dans ses grandes lignes.
Manifeste

Pourquoi un manifeste féministe? Parce que les femmes sont particulièrement concernées par la réforme des soins (EFAS), car elles sont majoritaires au sein du personnel de soins, parmi les bénéficiaires de soins à domicile et dans les EMS, ainsi que parmi les proches aidants. De plus, les personnes à bas salaires sont en majorité des travailleuses! Et, on le sait, les primes par tête pèsent trop lourdement sur les petits revenus. Les femmes seraient donc les grandes perdantes de cette réforme. Elles paieraient quatre fois cette politique de privatisation: en tant qu’employées, patientes, proches aidantes et assurées.

EFAS est une réforme du lobby des caisses-maladie, des cliniques privées et des acteurs privés du système de santé. Leur objectif? Faire davantage de profits. EFAS transfère le pouvoir et l’orientation du système de santé du secteur public aux assureurs privés. Les soins à domicile et les EMS (soins de longue durée) seraient particulièrement impactés car les cantons pourront se désinvestir financièrement.

Les caisses-maladies imposeront leur dictat et feront pression sur les coûts avec des conséquences sur les conditions de travail du personnel. Les femmes représentent 80% du personnel de santé, et encore davantage dans les EMS et les soins à domicile. Aujourd’hui, elles sont déjà à la limite de leur charge de travail. En donnant plus de pouvoir aux caisses-maladie, les pressions pour faire des économies vont encore s’intensifier: moins de salaire et plus de travail, moins de formation. EFAS représente un backlash dans nos luttes, déjà difficiles, pour valoriser les métiers de soins majoritairement féminins et mine l’initiative des soins infirmiers avant même qu’elle ne soit mise en application.

Le durcissement des conditions de travail dans les EMS et les soins à domicile signifie moins de temps pour les personnes âgées. Aujourd’hui, la majorité des pensionnaires en EMS ont plus de 80 ans et 70% sont des femmes. Ce sont donc en majorité des femmes qui vont souffrir d’une baisse de la qualité des soins. Or ces femmes ont, pour la plupart d’entre elles, soigné leurs proches pendant toute leur vie. Elles méritent des soins de qualité, de l’écoute et de l’attention. En tant que féministes et syndicalistes, nous refusons que des profits soient faits sur le dos de nos aîné·es.

Aujourd’hui déjà, le personnel des soins à domicile est en difficulté et ne peut plus faire de miracles: c’est la course d’une maison à l’autre, chaque geste étant minuté. EFAS ne fera qu’augmenter cette pression et ce sont en majorité des femmes qui vont devoir prendre le relais auprès de leurs proches si les professionnel·les doivent limiter davantage leurs interventions à domicile! Un travail gratuit qui augmente le risque de pauvreté. Il est inacceptable de faire systématiquement des économies sur le dos des femmes.

EFAS provoque un transfert du financement des cantons vers les caisses-maladie dans le domaine des soins en EMS et à domicile, avec comme conséquence une forte hausse des primes et des participations directes, qui sont fixées par tête sans tenir compte du revenu. Encore une claque pour les bas revenus! Ces hausses massives et antisociales pénalisent les personnes à revenus modestes, dont une majorité sont des femmes.

Le Manifeste féministe défend une autre vision des soins: en tant qu’employées, patientes, proches aidantes et assurées, nous avons besoin d’un système de santé qui offre des soins de qualité, au service de la population et qui réponde aux besoins des femmes. Un système de santé qui mette au centre l’humain et pas le profit. Parce que notre santé n’est pas une marchandise, les Commissions féministes du SSP et de l’USS appellent à voter non à EFAS le 24 novembre prochain.

* Pour les Commissions féministes USS et SSP.

Opinions Agora Michela Bovolenta Manifeste

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