COP16 ou réalité marchande
La biodiversité, angle mort de la crise environnementale liée au réchauffement climatique. La COP 16 sur la biodiversité s’est achevée samedi à Cali, en Colombie, sur un constat d’échec, même si quelques maigres avancées ont pu être enregistrées.
La plénière s’est arrêtée faute de participant·es, le quorum n’étant plus rempli. Nombre de représentant·es avaient des vols programmés pour regagner leurs pays. Manifestement, le lien entre effet de serre et déclin de la biodiversité n’a pas encore pénétré les esprits. Surtout lorsqu’il s’agit de tracer des pistes concrètes pour éviter une extinction massive des espèces, végétales ou animales. Et pourtant, établir ce lien est indispensable si l’on entend prévenir la menace avec des solutions durables. Les limites, en ce qui concerne les propositions politiques visant à contenir le réchauffement climatique, se retrouvent de manière criante quand on entre dans le vif du sujet, à savoir la préservation du vivant.
Le problème est systémique; la fuite en avant productiviste continue à ravager la planète. Là où il faudrait des réponses écologiques, les représentant·es des Etats avancent, avec la foi du charbonnier, des solutions de type technique: nouveaux pesticides, cultures dopées aux engrais, retour de méthodes associant organismes génétiquement modifiés à des produits comme le glyphosate, qui causent tant de dégâts à la biodiversité.
Seule percée réelle, la reconnaissance, enfin, d’un statut garanti aux peuples autochtones. Ceux-ci représentent 6% de la population mondiale, mais vivent dans des régions abritant 80% de la biodiversité mondiale. Leur voix mérite certainement une audience plus importante que le strapontin qui leur est aujourd’hui accordé.
Or, lorsqu’il s’est agi de donner des moyens aux ambitions de préservation, le concert des nations s’est bloqué. Le «Fonds Cali» annoncé prévoit certes une taxe sur les revenus générés par la pharma – laquelle puise largement dans le réservoir de biodiversité – à hauteur de 0,1% du revenu ou de 1% des bénéfices dérivés. Mais il sera alimenté sur une base volontaire. Il y a tout lieu de penser que les rentrées seront maigrichonnes considérant l’immensité des besoins.
Et seront-elle correctement employées? Bien des programmes de conservation de la nature se font au détriment des intérêts des populations autochtones. Au nom du sauvetage des éléphants, par exemple, certaines ONG gérant ces réserves n’hésitent pas à engager des milices pour traquer les «braconniers», souvent des communautés délogées de leur habitat ancestral au nom de cette forme de néocolonialisme environnemental. Aucun projet cohérent ne se fera au détriment des premières victimes de la destruction des écosystèmes. Un enjeu en soi dans cette course contre la montre qu’est la lutte pour la préservation de la biodiversité.