Édito

Politiques versus experts

Politiques versus experts
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Education

Les Genevois·es décideront dimanche si les enseignant·es du primaire doivent se former durant quatre ans ou s’il convient de raccourcir leur cursus à trois ans. Les arguments principaux des promoteurs de cette réforme, PLR, UDC et Liberté et justice sociale, consistent en l’harmonisation et l’attractivité de la formation. Entendez par là qu’il n’y a pas de raison de faire autrement que les autres cantons romands proposant des bachelor en trois ans au sein des Hautes écoles pédagogiques (HEP). Au bout du Léman, en revanche, les futur·es maître·sses fréquentent les bancs de l’université. Une fois leur bachelor en poche, elles et ils suivent une année de cours supplémentaire et se voient délivrer un certificat.

Une Genferei pour les tenants du raccourcissement qui y voient un frein à l’attractivité du cursus genevois. En effet, un certain nombre de jeunes du canton du bout du Léman partent se former à Lausanne. En partie parce que Genève n’accepte que 100 étudiant·es par année, en partie parce que certain·es veulent en finir au plus vite avec les études.

Dès lors, raccourcir la formation genevoise pourrait faire revenir celles et ceux qui rechignent à étudier quatre ans. Sauf que la question du numerus clausus, mis en place faute de stages en suffisance dans les classes, ne sera pas réglée par cette réforme. La formation sera donc toujours fermée à nombre de candidat·es. Et il ne s’agit pas de la seule problématique laissée en suspens par les tenant·es d’une formation en trois ans. A la question de savoir ce qu’il conviendra de couper, les politiques répondent que cela n’est pas de leur ressort ou que supprimer l’année de cours complémentaire suffira. Enfin, la solution miracle de la formation continue pour faire face à un métier qui nécessite des compétences de plus en plus pointues n’est de loin pas en place.

Car le nœud du problème est bien là. Les problématiques auxquelles fait face le corps enseignant deviennent de plus en plus complexes. Les syndicats enseignants demandent ainsi un cursus niveau master, en cinq ans. Les pays qui nous entourent forment davantage  leurs pédagogues que la Suisse. Enfin, les milieux académiques appellent au renforcement global des compétences. Seuls les magistrat·es, au sein de la Conférences des directeur·ices de l’instruction publique, font la sourde oreille et s’opposent catégoriquement à tout rallongement de la formation. Pour des raisons essentiellement financières, les politiques restent sourds aux experts. Tout est dit.

Opinions Édito Maria Pineiro Education Formation

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