Édito

Cette droite qui rêve d’un retour au nucléaire

Cette droite qui rêve d’un retour au nucléaire
La centrale nucléaire de Goesgen dans le canton de Soleure. KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
Energie nucléaire

Mieux vaut prévenir que guérir. Greenpeace Suisse a diffusé mercredi un rapport1>Greenpeace, «Le Nucléaire n’a pas d’Avenir », 21 août 2024, 16 pages. qui anticipe une éventuelle relance de l’énergie atomique par le très nucléocrate conseiller fédéral udéciste Albert Roesti. Celui-ci aimerait reprendre la construction de centrales nucléaires en Suisse, alors que le peuple a, au contraire, décidé de tirer un trait sur l’atome en 2017. La manœuvre, cousue de fil blanc, prendrait la forme d’un contre-projet à l’initiative portée par le camp bourgeois dite «Stop au Black-out», déposée ce printemps.

Le rapport de l’association écologiste tord par avance le cou aux arguments du lobby électronucléaire. Notamment en relevant que de nouvelles centrales nucléaires, vu la durée que prend un projet pour être mis en œuvre – entre quinze et vingt ans –, ne sauraient constituer une réponse digne de ce nom à la crise climatique qui réclame des mesures autrement plus urgentes.

Second argument: le coût. Le prix du kilowattheure solaire a fortement baissé depuis une quinzaine d’années. Et le nucléaire est aujourd’hui quatre fois plus cher que l’éolien terrestre, par exemple.

Le rapport de Greenpeace passe également en revue les projets dits novateurs en matière de centrales nucléaires. Une bonne partie de ceux-ci – notamment les petits réacteurs modulaires de 300 mégawatts – était déjà évoquée dès les années cinquante. A l’époque, on imaginait même des minicentrales par îlots urbains ou par quartiers, voire des véhicules ou des plates-formes aériennes nucléaires…

De ces rêves démiurgiques ne sont restés que les sous-marins et les porte-avions mus par l’atome. Même la filière au thorium, souvent mise en avant, pose d’énormes problèmes bien connus des Romand·es, avec feu le surgénérateur Superphénix. Le liquide de refroidissement, le sodium liquide, pose d’énormes problèmes de sécurité (il brûle au contact de l’air et explose à celui de l’eau).

On verra si Albert Roesti sera capable de tordre le bras de ses collègues au Conseil fédéral. Pour l’heure ils et elles semblent réticent·es. Les milieux antinucléaires évoquent des annonces prochaines. Et brandissent la menace d’un référendum, qui est bien sûr gagnable. Mais ce seront autant d’années perdues dans la nécessaire transition climatique. Les partis de droite au parlement qui soutiennent le combat d’arrière-garde d’une relance de l’atome sont en fait les fossoyeurs d’une Suisse capable de se projeter dans l’avenir. Bel autogoal.

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