Un réduit en matière de savoirs
L’Union européenne (UE) mettrait la pression sur la Suisse dans le cadre des négociations autour du paquet d’accords des bilatérales, nouvelle version. Elle exigerait une extension de la libre circulation et l’égalité de traitement pour les étudiant·es provenant des pays membres de l’UE. Une nouvelle annoncée par la NZZ et le Nebelspalter. En clair – le quotidien zurichois affirme avoir des sources autorisées – cela bloquerait les velléités de certaines institutions, notamment les deux écoles polytechniques, de prévoir des taxes trois fois plus élevées pour les étudiant·es étranger·ères que pour les nationaux·ales.
Encore en discussion au sein de la Chambre haute du parlement suisse, ce principe pourrait être étendu à l’entier des universités. Son but était initialement de pallier une coupe de 100 millions de francs voulue par le Conseil fédéral – mais heureusement abandonnée – par des ressources nouvelles prises dans la poche des étudiant·es pour un montant de 25 millions.
Ceci s’inscrit dans une tendance de marchandisation du savoir dont on connaît les effets pernicieux: instaurer une sélection par l’argent constitue un frein à la démocratisation des études.
De nombreuses questions demeurent ouvertes, notamment celle de la réciprocité pour les étudiant·es suisses poursuivant leur cursus à l’étranger. La priorité nationale en matière de formation n’est bien sûr pas une spécialité suisse. Mais mettre la question sur la table des négociations comme le fait l’UE est positif, voire réjouissant, car susceptible de nous éviter un repli sur le réduit national en matière de savoir, dont on doute qu’il aurait des effets souhaitables en matière d’ouverture sur le monde et de critères d’excellence.