La chronique tire sa révérence
La chronique Un avenir à désirer aura duré bien plus longtemps que nous ne l’aurions imaginé à ses débuts. Après deux années, le billet de la Grève du climat tire aujourd’hui sa révérence. Petit retour nostalgique et perspectives d’avenir.
Parti·es de la nécessité de (re)fonder un projet de société écologique souhaitable et atteignable, nous nous sommes efforcé·es de décliner plusieurs propositions d’alternatives au capitalisme. Celles-ci visent, à travers des innovations institutionnelles et en se basant sur une tradition socialiste riche et sans cesse renouvelée, à transformer notre système économique et politique pour mettre fin au désastre environnemental en cours. Nous avons ainsi eu l’opportunité de mentionner, pour citer quelques exemples non exhaustifs, les coopératives, le revenu de transition écologique (RTE) ou encore le tirage au sort. Le mouvement écologiste, certes mû par un projet de société égalitaire et démocratique, ne se résume pas à un imaginaire éthéré. Il est aussi une force d’intervention concrète. Ainsi, ces dernières années ont été rythmées par de nombreuses mobilisations et actions que nous avons pu commenter dans les pages du Courrier. Nous avons par exemple salué les occupations de forêts ou le contre-sommet contre le paradis du négoce qu’est la Suisse. Et à l’inverse, nous avons critiqué la loi climat ou encore la compensation telle qu’elle est imaginée par le gouvernement.
Aujourd’hui, nous sommes heureux·ses d’avoir pu proposer un éclairage de l’actualité depuis notre point de vue. Et surtout, nous nous réjouissons d’avoir traité le sujet qui nous tient le plus à cœur : la démocratisation de la vie économique. Une bifurcation vers une économie sobre et respectueuse des limites planétaires ne se fera pas sans une restitution des grandes décisions de production au peuple. Seule une délibération démocratique et pluraliste, selon des critères politiques et non pas uniquement marchands, est à même de corriger les courbes affolantes des indicateurs environnementaux que nous connaissons. En clair, les actionnaires et managers, décidant selon le critère du niveau de profit, doivent laisser place aux citoyen·es décidant selon des critères amplement plus fins: dans quelle société voulons-nous vivre? Quels sont les équilibres environnementaux à ne pas déstabiliser? De quoi avons-nous besoin pour une vie bonne?
Après ces quelques années, nous pensons avoir dessiné le contour général d’un tel projet de société. Il est donc temps de nous retirer pour éviter les redites. Cet article fait ainsi office certes de révérence mais représente aussi un appel au ralliement à un mouvement écologiste régional, qui évolue, se développe, grandit et jamais ne perd sa détermination. S’il est vrai que les grèves du climat se sont moins faites entendre ces dernières années, cela ne veut pas dire que la mobilisation écologiste s’est essoufflée. Au contraire, des initiatives continuent de fleurir. Pour citer quelques exemples, le collectif Agissons se présente comme un «mouvement citoyen pour la protection, l’extension et la gestion démocratique des biens communs» et œuvre actuellement pour l’établissement de transports publics presque gratuits dans le canton de Vaud, alliant ainsi question écologique et sociale. L’organisation Contre-Attaque & Autonomie, qui défend une approche anticapitaliste de l’écologie, a annoncé la deuxième édition de son week-end de rencontre et de formation; «Les Dissidentes II» auront lieu du 13 au 16 septembre prochain à Lausanne.
Une chose est certaine. Le mouvement écologiste continue et doit continuer en apprenant de ses expériences, de ses erreurs et de ses succès. La montée des forces d’extrême droite, dont le point de vue aberrant sur l’écologie côtoie une vision du monde particulièrement dangereuse pour toutes les minorités, est un énième rappel du slogan «écosocialisme ou barbarie».
Nos derniers mots vont pour un journal qui clairement se situe dans la première moitié du slogan susmentionné. Nous remercions chaleureusement Le Courrier de nous avoir ouvert ses pages et d’avoir assuré des relectures avisées. Nous sommes également reconnaissant·es d’avoir pu faire un bout de chemin avec un journal qui traite l’actualité avec une sensibilité et une justesse qui font un bien fou à la démocratie et à l’écologie.