Chroniques

Contre le paradis du négoce suisse

Un avenir à désirer

Du 8 au 10 avril se réuniront les grands noms du négoce mondial de matières premières, malheureusement largement inconnus du public. Comme chaque année, le Financial Times Commodity Global Summit accueille, dans le Beau-Rivage Palace de Lausanne, les poids lourds du domaine, dont plusieurs siègent en Suisse, tels que Glencore, Trafigura ou Gunvor. Si ces sociétés passent relativement inaperçues, opérant dans des bureaux a priori anodins, elles comptent parmi les géants mondiaux de l’extractivisme et du commerce. En s’occupant du transport des matériaux, de leur vente, et en possédant également d’imposantes mines, celles-ci ont une responsabilité démesurée dans la destruction de la planète et la violation de nombreux droits humains.

Pour protester contre cette rencontre de négociant∙es, la Grève du climat s’est jointe à la coalition Stop pillage. En plus d’une manifestation à Lausanne le samedi 6 avril, une série d’ateliers et de conférences est organisée tout au long du week-end*. Ce contre-sommet sera l’occasion de thématiser les pratiques destructrices des multinationales du négoce sous différents angles. Quel est leur impact sur l’agriculture ou l’eau? Pourquoi la Suisse en est-elle un paradis? Comment impérialisme et racisme se mêlent-ils?

Nous reproduisons ci-dessous un extrait du manifeste coécrit avec les différentes organisations membres de la coalition.

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«La Suisse est une plaque tournante de ce négoce: environ 70% de l’or, 50% des céréales, 40% du charbon et 35% du pétrole au niveau mondial sont commercialisés par les entreprises de trading siégeant en Suisse. Durant ces dernières années, les bénéfices générés par le négoce des matières premières ont littéralement explosé, grâce aux crises géopolitiques, sanitaires, énergétiques et environnementales. La pandémie mondiale, l’invasion russe de l’Ukraine et l’inflation créent de fortes perturbations sur le marché international. Les populations du monde entier subissent de plein fouet l’augmentation des prix, dont les spéculateurs sont en partie responsables. Les traders et actionnaires de sociétés complices de désastres sociaux et environnementaux en profitent. Par exemple, la multinationale Glencore, établie à Zoug, a vu ses bénéfices multipliés par dix entre 2021 et 2022, passant de 1,2 milliard à 12 milliards de dollars.

Les «opportunités» ouvertes par ces crises constituent précisément la thématique du 13e sommet international du négoce des matières premières. Le lieu n’est pas anodin, puisque les entreprises de négoce basées en Suisse occupent le premier rang mondial du commerce de matières premières. Elles gèrent et pilotent à distance les échanges de biens agricoles, miniers ou pétroliers. De cette manière, les biens négociés n’ont pas à toucher le sol helvétique.

L’importance du secteur du négoce en Suisse résulte de nombreux avantages dont bénéficient les entreprises dans le paradis fiscal helvétique, parmi eux, des impôts très bas, une faible régulation, une grande opacité, une place financière de premier plan et notre prétendue neutralité.
Les spéculateur·ices se font des milliards sur le dos des peuples. Tous·tes dans la rue contre l’impérialisme suisse!»

www.climatestrike.ch/system-change
* Informations et programme sur le site: https://stop-pillage.ch

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mardi 19 avril 2022

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