Vaud

Unil: une transparence exigée

Sentiment d’insécurité, menaces et propos à caractère problématique durant l’occupation de l’université de Lausanne pour la Palestine? Les preuves se font toujours attendre.
Une transparence exigée
Des militant·es manifestent lors d'un appel à la mobilisation en soutien à Gaza. KEYSTONE
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Dire que le contexte politique, social et médiatique est tendu en ce moment est un euphémisme. Les tensions sont particulièrement vives entre les rectorats d’universités et les étudiant·es qui dénoncent un génocide, dont tout laisse à penser qu’il se déroule depuis sept mois à Gaza. Politiques et médias y ajoutent leur grain de sel, ce qui ne contribue pas à la désescalade. «Une université remplie d’islamo-gauchistes», «c’est l’apologie du terrorisme», «une université à la Hamas», «antisémites» voilà entre autres des accusations qu’on a pu lire ou entendre ici et là.

Si le rectorat de l’université de Lausanne, dans un premier temps, avait accepté d’entamer des négociations avec les «occupant·es» de Géopolis tout en leur permettant de rester sur place, il est revenu sur sa position cette semaine, ordonnant l’évacuation du bâtiment. Cette semaine encore, le chef du Département de l’enseignement et de la formation professionnelle, Frédéric Borloz, a salué l’évacuation sans intervention policière du campement tout en évoquant «un sentiment d’insécurité» que cette occupation aurait créé sur le campus. Il a notamment déploré des «messages entendus ou lus qu’on nous a rapportés, des messages injurieux, voire racistes et qui incitent à la haine». Mais lorsque Le Courrier a tenté d’obtenir des exemples précis étayant ces accusations, tant le canton que l’Unil ont botté en touche.

Interrogations

Cette absence – ou ce refus – de réponse sur le contenu des messages, sachant que nous n’avons jamais demandé l’identité des personnes éventuellement concernées, et le climat prétendument dégradé à l’université de Lausanne nous interrogent. Des mises en cause sans preuves, déclarations publiques et anathèmes généralisés constituent une démarche plus que discutable. Surtout lorsqu’ils sont évoqués le jour même où l’on demande aux occupant·es de partir. Et particulièrement dans un contexte où les étudiant·es sont fréquemment accusé·es d’antisémitisme et où le camp politique de M. Borloz, relayé sans plus d’éléments probants par une grande partie des médias, cherche activement à les délégitimer. Sans oublier que cela nourrit ce sentiment d’insécurité évoqué par les autorités qui de fait jouent au pompier pyromane en la matière.

«Mises en cause sans preuves et anathèmes constituent une démarche plus que discutable»

Cohérence politique exemplaire des étudiant·es

La transparence est cruciale pour maintenir la confiance et la crédibilité des institutions dans des moments clés de la vie publique tels que celui que nous vivons. Tout le monde y gagnerait: le canton et l’université, pour qu’on ne les soupçonne pas d’opération de délégitimation; les étudiant·es qui s’affirment antiracistes, pour savoir ce qui leur est reproché. Enfin, et il faut le souligner, les occupant ·es du hall de Géopolis, soutenu·es par plus de 400 professeurs et collaborateurs de l’Unil et d’ailleurs, ont montré un sens des responsabilités et une cohérence politique exemplaires, à la hauteur des enjeux de ce qui se déroule à Gaza, et rien qu’à ce titre, ils et elles méritent de savoir ce qui les rendraient si dangereux aux yeux de leurs camarades ou professeur·es.

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