Une décision honteuse. Le Conseil fédéral a décidé mercredi de couper la poire en deux et de verser 10 millions – soit la moitié de la somme avancée en 2023 – à l’UNRWA, l’organisme onusien chargé de l’aide aux Palestinien·nes.

«Un vrai compromis dans l’esprit suisse», selon les mots du député PLR vaudois Laurent Wehrli¹>Cité par Le Temps du 8 mai.? On peut plutôt y voir une nouvelle manifestation du caractère délétère de la politique étrangère à la sauce Ignazio Cassis, soutenue par un bloc bourgeois aligné servilement sur les Etats-Unis et ses intérêts pro-israéliens. La Suisse est un des derniers pays à lever la suspension de son financement de l’UNRWA. Seuls le pays de l’Oncle Sam, son laquais britannique et l’Italie en pleine dérive néofasciste maintiennent ce gel. Pas de quoi pavoiser.

Ce blocage de l’aide a été opéré sur une base pour le moins ténue, comme l’a montré le rapport rédigé sous la présidence de l’ancienne ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna. Les accusations de collusion d’employés de l’UNRWA dans le massacre du 7 octobre n’ont été étayées par aucune preuve. On rappellera aussi que l’UNRWA a établi que plusieurs de ses employé·es ont été torturé·es par l’armée israélienne pour leur faire avouer des liens avec le Hamas. L’examen mené sous la houlette de l’ancienne ministre française a au contraire mis en lumière des mécanismes visant à garantir la neutralité de l’agence bien plus solides que ceux ayant cours dans d’autres instances onusiennes.

Ne nous y trompons pas: le but est bien de liquider l’UNRWA. Le chef du DFAE, Ignazio Cassis, ne s’en cache même pas. Pour lui, l’agence fait partie du problème. «Tant que les Palestiniens vivent dans des camps de réfugiés, ils veulent retourner dans leur patrie. En soutenant l’UNRWA, nous maintenons le conflit en vie», avait-il déjà déclaré en 2018²>Dans la presse alémanique, reprise par Swissinfo.. Supprimons le peuple palestinien et on réglera le problème. Le stade suprême du cynisme.

Les faits sont têtus. L’UNRWA est la seule agence en capacité à venir en aide à une population martyre. Quelque 30% des enfants de moins de 2 ans souffrent de malnutrition aigue, selon le Programme alimentaire mondial. Et 70% de la population du nord est confrontée à une famine catastrophique.

Les tergiversations de la Suisse condamnent à la famine et à la mort des centaines, voire des milliers de Palestinien·nes. Elles sont une forme de complicité à des violations crasses du droit international et à la morale politique élémentaire. Cette bassesse ne passera pas inaperçue, elle ne sera pas oubliée.