Salutaire message de la jeunesse
Le mouvement est en train de s’étendre. Depuis jeudi, des étudiant·es occupent le campus Geopolis de l’université de Lausanne (UNIL). Mardi, le hall d’Uni Mail à Genève était orné de drapeaux palestiniens. Des actions similaires – mais plus éphémères – ont eu lieu dans les Ecoles polytechniques de Lausanne et de Zurich. Dans cette dernière, la police a été appelée pour évacuer celles et ceux qui portaient un keffieh.
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Dans le monde politique, par exemple au Grand Conseil vaudois qui siégeait mardi, on a pu entendre des mots excessifs, prononcés à propos de ce qui n’est qu’une mise en œuvre de méthodes de résistance civile non violente, c’est-à-dire s’inscrivant pleinement dans un cadre démocratique: «prise d’otage», atteinte à la liberté académique suivis d’appels à faire intervenir la police.
On rappelle à ces tenant·es de la méthode musclée que l’intervention de la police au sein des établissements scolaires ou universitaires contrevient à des règles anciennes liées au statut très particulier de ces lieux de formation. Que cela enfreint des règles fondamentales de la démocratie, comme le droit de se rassembler, d’exprimer des opinions et dont la garantie est aussi du ressort des universités.
Certains membres du corps enseignant de ces universités ont manifesté du soutien à leurs étudiant·es. Ils se retrouvent à leur tour dans le collimateur. Appeler à un dialogue «ouvert, dans une ambiance sereine, et sans intervention externe», comme le demande un communiqué de professeur·es de l’UNIL, est déjà de trop.
On peut pourtant au contraire saluer ce soutien professoral à des jeunes un peu trop stigmatisé·es, qui inscrivent leur action dans un mouvement social grandissant et qui refusent une escalade mortifère pouvant conduire à un génocide à Gaza.
Comme pour la sauvegarde du climat, leur seul tort est celui de rappeler des évidences. Il n’est pas admissible de punir collectivement une population entière en la massacrant (on en est à plus de 34’000 morts), en faisant disparaître des milliers de personnes – 7000 selon certaines évaluations –, soit tuées, soit dans des prisons plus ou moins secrètes. Le tout en refusant l’application de normes pourtant impératives du droit international.
Face à ce scandale, la réaction de ces jeunes est celle du bon sens, de l’évidence. Parfois, la raison est du côté de la simplicité. Leur engagement mérite d’être écouté, doit l’être. Et si possible entendu. Leurs demandes – la transparence et la cessation de collaborations avec des instituts académiques israéliens parties prenantes, soit directement, soit indirectement, du conflit – devraient recevoir des réponses claires et à la hauteur des enjeux.