Hypocrisie: définition
Il y a quelques mois encore, Israël accusait ouvertement l’ONU, et plus particulièrement l’UNRWA, son agence présente à Gaza, d’être de mèche avec le Hamas. Voilà qu’aujourd’hui le gouvernement de Netanyahu exige de cette même organisation internationale qu’elle impose «toutes les sanctions possibles contre l’Iran», qui a lancé samedi une attaque directe contre Israël. Téhéran justifiait sa riposte par la frappe ayant détruit son consulat à Damas, le 1er avril.
On pourrait trouver cocasse la plainte de l’Etat hébreu auprès de l’ONU, si la situation n’était pas si dramatique. Pour commencer, on rappellera que depuis 1947, Israël s’est lui-même passablement moqué des résolutions émises par le Conseil de sécurité de l’ONU. La dernière, d’entre elles, votée fin mars et exigeant un cessez-le-feu immédiat, n’a de toute évidence eu aucun effet. Netanyahu, premier à s’affranchir des normes du droit international, ferait donc bien de balayer devant sa porte.
Aussi, il ne faut pas oublier la mort de nombreux·ses employé·es de l’ONU qu’a engendrée la furie de son gouvernement d’extrême droite depuis le 7 octobre. En novembre, on dénombrait 101 membres de l’UNRWA tué·es rien que dans le premier assaut sur Gaza. Il s’agit du nombre le plus élevé de travailleurs et travailleuses humanitaires tué·es dans l’histoire de l’organisation en si peu de temps. Depuis, des dizaines d’autres ont été victimes de frappes aériennes.
Fin mars, l’UNICEF indiquait quant à elle que plus d’un établissement scolaire sur deux géré par l’ONU, soit plus de la moitié des écoles dans la zone, avaient été frappés depuis le début du conflit, élevant à 140 le nombre de centres pulvérisés.
Poignarder d’une main, implorer de l’autre, stratégie politique cynique grâce à laquelle Israël s’assure de toujours apparaître comme la victime. Et c’est peu dire que l’attaque iranienne tombe à point nommé, car elle permet d’une part à Netanyahu de s’assurer le soutien étasunien, ennemi juré de la République islamique. Et, d’autre part, de détourner tous les regards de Gaza, où les enfants meurent encore à chaque minute.