Édito

Salaire minimum: les cantons au front

Salaire minimum: les cantons au front
La mise en œuvre de la motion Ettlin aurait pour conséquence des baisses de salaire pour des travailleuses et travailleurs dans la restauration, la coiffure ou le nettoyage, là où le salaire minimum cantonal a force obligatoire. KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
Salaire minimum

Bonne nouvelle. Les cantons sont vent debout pour défendre le salaire minimum. Ils ne veulent pas de la motion Ettlin, qui vise à faire primer les conventions collectives de travail (CCT) sur des législations cantonales plus généreuses. C’est ce que révélait ce week-end Le Matin Dimanche. Pour rappel, la mise en œuvre de cette motion aurait pour conséquence des baisses de salaire pour des travailleuses et travailleurs dans la restauration, la coiffure ou le nettoyage, là où le salaire minimum cantonal a force obligatoire.

La motion Ettlin acceptée par le parlement fédéral s’oppose à la volonté populaire exprimée dans les urnes dans plusieurs cantons. En réponse au projet de loi en consultation, la Conférence des ministres cantonaux de l’économie (CDEP) et celle des affaires sociales (CDAS) se sont vigoureusement opposées à une modification de loi qui privilégierait les CCT aux dépens des salaires minimaux. Elles dénoncent une «ingérence dans la souveraineté cantonale». Cette immixtion est d’autant plus inadmissible qu’elle touche à la dignité des travailleurs et travailleuses. Chacun·e doit pouvoir vivre de son salaire. Il n’est pas acceptable que les cantons doivent subvenir aux besoins des working poor pendant que leurs employeurs tirent des bénéfices de leur travail.

La droite pliera-t-elle? Elle se trouve en tout cas en mauvaise posture dans ce dossier. Ni le Conseil fédéral ni les cantons ne veulent de la motion Ettlin. Le camp bourgeois a encore l’occasion de corriger le tir, en se montrant à l’écoute. S’engouffrer dans un bras de fer juridique pour savoir si le droit fédéral ou cantonal doit primer est risqué. Un blocage institutionnel ne serait dans l’intérêt de personne.

La population a des attentes. Elle l’a montré en disant oui au salaire minimum dans les cantons de Genève, Neuchâtel, Jura, Tessin et Bâle Ville. Des initiatives ont récemment été déposées dans les cantons de Fribourg, Vaud et Valais. Le salaire minimum fait son chemin. Dans un contexte de crise, alors que la hausse des prix étrangle de plus en plus de ménages, il devient essentiel aux yeux d’un nombre toujours plus grand de citoyen·nes. Sous la Coupole, les élu·es ont encore la possibilité de montrer qu’ils et elles sont plus attaché·es au respect de la volonté populaire qu’aux intérêts des patrons. Espérons que la raison l’emportera sur la rigidité idéologique.

Opinions Édito Sophie Dupont Salaire minimum

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