Victoire d’étape?
La Haute Cour de Londres devait statuer mardi sur l’extradition aux Etats-Unis de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks. Elle a repoussé au 20 mai sa décision mais – et cela peut être vu comme une victoire d’étape – elle exige désormais une série de garanties pour donner suite aux exigences étasuniennes.
La justice du pays de l’oncle Sam a trois semaines pour répondre à une question tout sauf anodine: Londres exige en effet que les protections garanties aux journalistes selon les termes du 1er amendement de la Constitution étasunienne (et par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme) soient assurées.
Une pierre dans le jardin américain dont la justice a, jusqu’à présent, refusé d’accorder ce statut à Julian Assange, le qualifiant au mieux de hacker, au pire d’espion. En effet, si le fondateur de WikiLeaks est condamné comme journaliste, c’est l’ensemble des médias qui seront en danger pour avoir publié les révélations contenues dans ces fuites.
Au-delà de l’éminent enjeu pour l’activiste qui croupit en prison depuis 2019, après sept ans à se terrer dans l’ambassade d’Equateur, la question de fond est bien celle de l’intérêt public. En l’occurrence, les révélations de WikiLeaks relèvent clairement de cette catégorie. Elles ont permis de jeter une lumière crue sur les crimes de guerre des Etats-Unis, en Irak notamment. Dont l’assassinat de journalistes.
Cet aspect devrait primer sur tous les autres et entraîner une libération immédiate de Julian Assange. En lieu et place, on assiste depuis douze ans à une vindicte d’Etat brutale. C’est bien le droit de savoir, un des piliers de la démocratie, qui est malmené par des pays pourtant volontiers donneurs de leçon en la matière. A nous de ne pas nous laisser enfumer par cette propagande liberticide.