Une politique fédérale inacceptable
Il est tout simplement incompréhensible et inacceptable que le département des affaires étrangères se permette d’amputer de 1,4% le budget d’aide à la coopération. Qui de plus est pour octroyer un mil-liard et demi à l’Ukraine en s’asseyant sur la loi fédérale de la coopération au développement et de l’aide humanitaire internationale. Si sur cette somme une partie, aussi infime soit-elle, était destinée au renforcement des projets agricoles de Longo Maï dans ce pays, passe encore. Mais ce ne sera certainement pas le cas. Autrement dit, ce milliard et demi sera versé dans le puits sans fond de l’aide internationale, s’ajoutant aux milliards de l’UE et des USA.
Aujourd’hui, après deux ans de guerre, l’Ukraine est tellement endettée qu’elle a peu de chances d’avoir les coudées franches lors de sa reconstruction. La preuve en est faite par la présence des fonds d’investissements américains Vanguard et Blackrock qui planent comme des vautours sur les ressources et les terres arables de ce pays. Mais là n’est pas la question puisqu’il s’agit de la politique fédérale en matière d’aide au développement. Effectuer une coupe franche de 1,4 % sur des financements primordiaux et vitaux pour les pays en voie de développement démontre le peu de cas que fait le Conseil fédéral de son devoir pérenne de soutien.
Il est vrai que depuis qu’Ignazio Cassis est aux manettes de ce département, nous avons un peu l’habitude de ses décisions conservatrices trendy, comme celle de la suspension de la contribution helvétique à l’UNWRA. Ce qui démontre que notre pays, pour ne pas déplaire, s’aligne chaque fois un peu plus sur les directives «otanesque». A l’exception, il est vrai, de la fourniture d’armes directe ou indirecte au belligérant chéri par l’Occident. Encore que sur ce point, depuis la fin 2023, nous ne savons pas vraiment s’il y a eu ou pas fourniture par un pays tiers des dites munitions destinées à alimenter les canons des blindés Léopard mis à disposition de l’armée ukrainienne par l’Allemagne? Et il semble indéniable qu’il y a un lien entre cette interrogation et les restrictions de budget d’aide à la coopération et au développement. Comme il y en a aussi sans doute un entre coupes budgétaires et l’augmentation affolante des dépenses militaires. Une bonne armée avec des technologies israéliennes de pointe vaut mieux qu’investir pour contrer la faim, améliorer la santé et l’éducation dans les pays les plus déshérités du monde, surtout si ceux-ci ne contribuent pas au renforcement du PIB national!
Léon Meynet,
Chêne-Bougeries (GE)