Le premier février, le parlement genevois a remporté une grande victoire: à grand renfort de police, il a empêché les militants de Renovate d’intervenir pendant une session du Grand Conseil!

Les élue·es dissertaient gros sous, rénovation d’une caserne de soldats du pape et autres sexes des anges. Discussions pâteuses à la sauce ennui mortel pour qui n’est pas habitué à la machine démocratique locale huilée à la minute. Si on les avait laissé faire, les Renovate leur auraient offert un bref entremets piquant de passion et d’actualité: ils auraient dit comme Antonio Guterres, vous savez, ce secrétaire général de l’ONU qui déclare à qui veut l’entendre que «nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied toujours sur l’accélérateur» et que «c’est suicidaire».

Les climatologues du GIEC ne disent pas autre chose. Les élu·es se seraient entendu rappeler qu’aucune discussion économique ne saurait prévaloir sur l’urgence climatique, et que nous paierons fort cher notre frilosité d’aujourd’hui dans quelques années; que ce parlement devrait enfin regarder la réalité en face et se doter sans attendre d’un plan climat ambitieux. Rien que de très raisonnable en somme, si l’on considère ce qui s’est passé à La Chaux-de-Fonds cet été, au Tessin, au Canada, et en Espagne encore cet hiver…

Les Renovate, c’est des gentils! Les policiers le savent. Ce sont des jeunes qui se soucient de leur avenir et des moins jeunes qui trouvent dommage de brader la vie sur Terre. Ce sont des gens positifs, absolument non violents vous dis-je, et qui, parallèlement à leurs actions médiatiques, construisent une culture fondée sur la gouvernance partagée et des valeurs généreuses. Je vous jure, avec elles et eux on se sent moins seul avec son désespoir et on commence à croire qu’un avenir est possible. Elu·es, vous devriez les inviter à votre tribune plutôt que les empêcher de parler!

Camille Bierens de Haan,
Genève