Stratégie de diversion
Dans son édition du 11 janvier, Le Courrier donne un gros coup de projecteur sur AgroImpact, association destinée à promouvoir une «agriculture régénératrice». L’objectif affiché: soutenir des agriculteurs pour la mise en œuvre de pratiques agricoles respectueuses de la qualité des sols, avec à la clé l’espoir d’une réduction de l’empreinte carbone. Fort bien, mais on relèvera cependant que les capacités de stockage du carbone dans le sol par des pratiques agricoles vertueuses sont probablement bien inférieures à celles annoncées par ses promoteurs enthousiastes. AgroImpact est très loin de répondre aux défis actuels.
Cette initiative se garde bien de remettre en question le complexe agro-industriel (géants de l’équipement agricole, industries chimiques, semencières, agro-alimentaires, traders de matières premières…) et tait ses nuisances écologiques, sociales et sanitaires. Elle ne dénonce pas le recours intensif aux énergies fossiles, aux moyens mécaniques et chimiques responsables de la dégradation des sols; elle ne parle pas de l’utilisation massive de pesticides, première cause de la disparition de la biodiversité; ni de l’élevage intensif responsable de fortes émanations de méthane. Le système agro-industriel brûle beaucoup plus de calories fossiles qu’il ne génère de calories alimentaires. Il est insoutenable.
AgroImpact fait partie des stratégies d’enfumage mises en œuvre par les firmes avec la complicité des politiques, pour verdir leur activité, occulter les dangers de leur modèle, retarder les évolutions nécessaires. On n’est donc pas surpris d’y retrouver associés des acteurs comme Nestlé et Prométerre, peu connus pour leur zèle environnemental. Ces stratégies de mystification et de diversion sont bien analysées dans le manuel Greenwashing1>Greenwashing, manuel pour dépolluer le débat public, sous la direction d’Aurélien Berlan, Guillaume Carbou et Laure Teulières, Ed Points. dont la lecture est éclairante.
Arnaud Janin,
St-Légier-La Chiésaz (VD)
Notes