Une récente campagne de la CICAD visant à mobiliser face à l’aggravation de l’antisémitisme en Suisse n’aura pas été du goût d’une lectrice du Courrier, Alison Katz, dont la tribune acide m’oblige aujourd’hui à prendre la plume.

Ces quelques lignes m’offrent l’occasion de faire un peu de pédagogie. La CICAD est une organisation suisse qui voue son action à la lutte contre l’antisémitisme en Suisse et la prévention de la discrimination. La période troublée que nous vivons met plus que jamais en exergue la nécessaire mobilisation face à l’antisémitisme et la radicalité des propos ou attitudes en lien avec l’actualité. Que dire des amalgames qui empoisonnent le quotidien ? Face au conflit israélo-palestinien, notre action trouve toute sa légitimité lorsqu’il devient prétexte à des actes explicitement antisémites.

Il semble que cette réalité échappe à Mme Katz, malgré une posture revendiquant un militantisme chevillé au corps. Depuis le 7 octobre, la CICAD constate plus que quelques « gribouillages ». Les élèves romands insultés de « sales juifs », les mezouza arrachées à la porte de familles juives ou des personnes menacées de mort à la sortie de la synagogue. Nier cette réalité est indigne et dénote un sens de l’humanisme à deux vitesses. L’antisémitisme traditionnel se trouve aujourd’hui renforcé par l’amalgame classique associant les Juifs à la politique de l’État d’Israël.

Tenter de dénigrer le combat contre l’antisémitisme en Suisse pour pouvoir mieux critiquer l’État hébreu, c’est l’exercice périlleux auquel se livre Mme Katz qui s’auto-proclame « Juste ». Il fallait oser ! Se référer aux Justes parmi les nations, titre honorifique donné aux héros qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs durant la Shoah. Là encore comment ne pas y voir une grande maladresse qui participe à la banalisation du génocide des Juifs.

« Not in my name », s’écriait Mme Katz. Vous avez raison, les propos que vous exprimez et votre démonstration ne se feront jamais en mon nom. Soyez rassurée, même sans votre soutien la CICAD continuera d’épauler toutes les victimes d’antisémitisme, même celles qui semblent ne pas s’en inquiéter.