Des coupes qui font mal
La droite du parlement genevois a apposé sa marque sur le premier budget de cette nouvelle législature, voté vendredi par le Grand Conseil. Non content·es de pouvoir s’appuyer sur une majorité à l’exécutif, les député·es ont tenu à enfoncer davantage le clou. Le Conseil d’Etat voulait 356 postes? Il n’en aura que 224, et l’école, pourtant en mains libérales radicales, en souffrira particulièrement, avec notamment une augmentation du nombre d’enfants par classe.
Le plan climat aussi prend un sérieux coup de plomb dans l’aile, avec aucun nouveau poste dédié à la rénovation énergétique des bâtiments, alors même que cette politique devait constituer une impulsion forte menant vers la neutralité carbone.
Le parti Libertés et justice sociale de Pierre Maudet a vite tombé le masque du «de droite et gauche» matraqué en campagne, pour endosser à l’arrivée le costume d’une droite décomplexée. Il faut dépenser moins, quels que soient les sacrifices faits sur le dos de la population, a en somme conclu la majorité. Le MCG a lui aussi choisi son camp. Et ce n’est pas celui de la gauche, avec laquelle il avait enlevé l’an passé, à un cheveu près, un budget 2023 décrié par la droite. La répartition des cartes, et des alliances, ayant depuis fait du chemin, c’est aux vues de ses nouveaux alliés que le parti s’est rallié. S’il a bien lutté – en vain – pour une meilleure indexation des salaires de la fonction publique, cela ne l’a empêché ni de souscrire au budget final ni de s’abstenir en dernier débat dans le vote relatif à la suppression de la subvention de l’Avivo – faisant ainsi basculer la majorité.
La tendance est d’autant plus inquiétante que la droite ne s’est heurtée à aucune résistance convaincante. Dans la rue, les manifestations de la fonction publique ont fait pâle figure face à des attaques importantes sur les salaires, mais aussi et surtout sur les prestations publiques. Alors que les nouveaux et nouvelles magistrat·es annoncent tous azimuts leurs grands projets pour la législature, les voilà privé·es d’élan par un parlement plus royaliste que le roi. Même si concrètement, une partie des demandes des magistrat·es, et notamment les charges contraintes (comme l’énergie ou certaines prestations sociales dues), reviendront par la petite porte directement en commission des finances.
L’exercice se clôt donc sur un serrement de vis, alors même que les derniers comptes du canton sont excellents. Le but étant d’octroyer des baisses d’impôts aux plus nanti·es plutôt que de répondre aux besoins sociaux. La machine austérité a passé la deuxième dans un contexte où les Genevois et Genevoises font face à une augmentation significative de leurs charges. Un aveuglement sinistre de la droite élargie, prête à laisser sur le côté toute une partie de la population qui a pourtant contribué à son succès électoral.