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Une logique du profit à court terme

Didier Prod’Hom apporte des explications sur la hausse des loyers qui suit en règle générale la hausse du taux de référence de la BNS.
Logement

La presse s’est fait l’écho de l’augmentation des taux hypothécaires de référence de la BNS avec pour conséquence, pour un certain nombre de locataires, une hausse de leurs loyers. Pourtant, durant la période où ce même taux baissait, les répercussions des baisses ont rarement été appliquées aux loyers.

Comment justifier de telles hausses? Elles sont dues à l’emprunt. Pourtant les propriétaires ayant recours à l’emprunt ont souvent conclu des contrats avec des échéances à plus ou moins long terme; rares sont ceux qui sont financés aux taux du marché monétaire «Saron». Dès lors, on ne comprend pas pourquoi les hausses des taux hypothécaires de référence de la BNS devraient être systématiquement répercutées si la situation de l’emprunt n’a pas changé.

Lors de rénovation des immeubles, les travaux justifient de nouveaux emprunts et c’est bien là que le bât blesse, car il faut constater qu’à Genève les assainissements des immeubles sont à la traîne. Et pourtant, les propriétaires ont le devoir de les entretenir et de respecter les différentes lois, notamment celles qui prévoient l’assainissement énergétique. Dans un contexte de hausse des taux hypothécaires et d’inflation généralisée, rien ne va dans le sens du locataire, surtout si on intègre encore la le coût de la rénovation des immeubles.

C’est peut-être là qu’on devrait trouver une solution? Il serait logique de ne pas dissocier les aspects financiers de la qualité d’entretien des immeubles et de pondérer les rendements admis en fonction du niveau d’entretien des immeubles. Cette logique, si elle était prise en compte, devrait permettre aux propriétaires d’appliquer leur stratégie d’investissement dans une vision à long terme et aurait un effet bénéfique sur la qualité du patrimoine immobilier et sur l’environnement.

A cette logique de la qualité, s’oppose un taux de vacance tellement bas, que bien faire n’est nullement encouragé.

À quoi bon offrir un immeuble et des logements assainis et entretenus, si l’on peut louer à n’importe quel prix et dans n’importe quel état ?
Cette logique de profit à court terme est pourtant très dangereuse, car augmenter les loyers, sans maintenir la valeur du bien immobilier en le rénovant régulièrement, fait courir le risque au propriétaire de se déconnecter du marché réel et de la capacité de pouvoir louer dans le futur un bien immobilier déprécié qui ne correspondrait alors plus aux exigences du marché.

Personne ne peut anticiper les exigences du marché et cela est d’autant plus vrai au vu du contexte social et économique que nous vivons actuellement. La chute pourrait être très dure pour les propriétaires.

Le Conseil fédéral est conscient de la problématique des hausses de loyers importantes conjuguée à l’inflation et aux différentes hausses et envisage de prendre des mesures. Espérons que ce dernier intégrera la qualité environnementale de l’immeuble dans cette réflexion.

Didier Prod’Hom

conseiller municipal à Carouge et vice-président de la Fondation HBM Emma Kammacher.

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