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Un laisser-faire désespérant

Erica Deuber Ziegler revient sur l’abattage du cèdre centenaire de la Servette à Genève.
Environnement

Le vendredi 3 novembre au matin, des bûcherons ont abattu un cèdre plus que centenaire rue du Colombier 10, à la Servette, l’un des quartiers le plus densément peuplé de Suisse. A ses pieds, un chalet construit en 1896 par l’architecte Firmin Ody, qui aurait dû être protégé vu sa valeur; en face un immeuble contemporain du même architecte inscrit à l’inventaire, donc protégé; et l’ensemble du périmètre où s’élevaient le cèdre, le chalet, les villas voisines et l’immeuble inscrit à l’inventaire, protégé par la mesure fédérale ISOS (site bâti d’importance nationale) le classant en catégorie A, la plus haute valeur.

L’architecte-promoteur Philippe Meyer a eu le dessus sur les lois de la République. Bataillant au moyen d’un PLQ (plan localisé de quartier) de 1992, donc vieux de 31 ans, il a réussi à l’emporter sur les préavis défavorables du service du paysage et des forêts de l’OCAN, du service des monuments et sites de l’OPS, et à faire ravaler aux responsables de l’Office de l’urbanisme et du Département du territoire leurs promesses de suspension, ou pour le moins de révision des vieux PLQ ne répondant plus aux urgences de notre temps. Les responsables de la Ville de Genève n’ont pas bronché et ont même prêté la main à la réalisation du PLQ en accordant les servitudes nécessaires. Savaient-ils au moins où ils mettaient les pieds?

Ce laisser-faire au moment où une attention très vive est portée à la végétation en ville, où l’on sait qu’un grand et vieil arbre contribue à l’infiltration des eaux, à l’évaporation des eaux et au rafraîchissement de ses alentours, désespère la population directement concernée, les voisins et les associations de sauvegarde du patrimoine naturel, paysager et bâti. Décidément cet abattage n’est pas à l’honneur de nos autorités, promptes aux promesses d’un avenir plus attentif à la protection de notre environnement. Le chagrin s’installe, la colère gronde…

Quant à la demande de classement du cèdre, adressée le 26 octobre – certes trop tard, mais par express recommandé – par l’association Action patrimoine vivant à M. le conseiller d’Etat Antonio Hodgers, Département du territoire, rue de l’Hôtel-de-Ville 14, elle nous est revenue avec la mention «Inconnu». Un conseiller d’Etat Inconnu à son adresse? Dans cette affaire même la Poste a déraillé!

Pour Action patrimoine vivant

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