Édito

Droitisation

Etats: un vote pour les primes et les loyers 9
Carlo Sommaruga et Mauro Poggia. JPDS
Elections fédérales

Les contours du futur parlement suisse ont gagné en netteté ce dimanche. Plusieurs cantons élisaient leurs représentant·es à la Chambre des cantons. Un dernier round aura lieu en Suisse alémanique dans une semaine.

Dans le canton de Vaud, ce sera bien le duo Pierre-Yves Maillard (PS), élu au premier tour, et Pascal Broulis (PLR) qui occupera les deux sièges à la Chambre haute. Le vert Raphaël Mahaim est loin derrière. Mais son score reste honorable, puisqu’il a réduit son retard qui était de 37’000 voix au premier tour à 14’400. La notoriété de son opposant était sans doute trop forte. Et le siège était déjà occupé par un PLR…

C’est au bout du lac, à Genève, qu’un basculement – et pas des moindres – a eu lieu. Mauro Poggia, ancien conseiller d’Etat MCG (Mouvement citoyens), a été élu avec une très large avance en éjectant la sortante Lisa Mazzone (verte). Un vote arithmétiquement explicable. Les deux sièges occupés par l’alliance rose-vert ne reposaient pas sur une hégémonie électorale de gauche (cela se saurait). Ce rapport de force était lié à la division de la droite entre Entente bourgeoise (PLR et Centre) et bloc populiste (UDC et MCG). A partir du moment où ces quatre formations se sont mises dans une maison commune, le maintien des deux sièges progressistes devenait compliqué.

Seule la personnalité très clivante de Céline Amaudruz et de son parti, alors que Mauro Poggia est ressenti comme plus affable, explique sans doute que Carlo Sommaruga ait réussi à sauver le siège PS. Reste que le score de la conseillère nationale s’avère imposant: le parti blochérien progresse.

A l’arrivée, le message qu’adresse l’électorat a ses limites: ce sont deux hommes de 64 ans qui représenteront Genève. En cela, l’éjection de Lisa Mazzone est une perte. Pas de quoi rassurer les militant·es de la Grève du climat ou de la Grève féministe.

Mais, paradoxalement, sur le moyen terme, le glissement à droite de dimanche – précédé par celui du premier tour – ouvre peut-être quelques perspectives à gauche. Le centre de gravité du bloc bourgeois s’est déplacé de la droite à l’extrême droite. Le repli acrimonieux porté par ces formations ne fait pas bon ménage avec une ouverture au monde et un vote urbain qui progresse.

Cela suppose une capacité à se projeter dans l’opposition. Ce que la gauche rose-vert a peut-être peiné à faire lors de la législature qui s’est achevée. Elle a par trop cherché le consensus, notamment sur des sujets comme l’âge de la retraite, voire même sur l’urgence climatique. Ce n’est peut-être pas là qu’elle est attendue par la base de son électorat.

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