Le vert est dans le flou
Les Vert·es persistent et signent, en continuant, malgré leur recul aux élections nationales, à revendiquer un siège dans le collège gouvernemental fédéral.
Les écologistes ont-ils les yeux plus gros que le ventre en réclamant une formule magique verdie et rééquilibrée à gauche, quelques jours après un sérieux revers électoral? Peut-être. Mais qui ne tente rien n’a rien. Et les remarques sarcastiques face à cette éventuelle folie des grandeurs occultent un élément de taille. Le PLR, qui a aussi perdu des plumes, est très largement surreprésenté avec deux sièges alors qu’il ne pèse que 14% des voix. Cela ne semble gêner personne. Le poids, sans doute, d’une grandeur historique passée.
Car les Vert·es ont bien fait comprendre que ce qui était revendiqué est un rééquilibrage face à une majorité automatique, ou presque, et qu’il ne s’agit pas d’une opération de prédation sur le siège libéré par Alain Berset. A eux deux, l’UDC et le PLR ont une majorité de blocage, alors qu’ils ne représentent que 42% des votant·es! Tout dépend de la perspective que l’on adopte.
Si la manœuvre reste légitime, sa pertinence mérite débat. L’entrée dans le saint des saints qu’est le Conseil fédéral est-elle souhaitable pour un parti d’opposition? Le risque d’institutionnalisation point, et plus rapidement qu’on ne l’imagine. La position d’Elisabeth Baume-Schneider, qui se retrouve à défendre une orientation sécuritaire sur la migration, est là pour nous le rappeler.
Tactiquement, la position des Vert·es fait sens. Stratégiquement, l’utilité d’une telle revendication mérite questionnement: il faudrait, avec davantage de clarté et d’arguments, expliquer en quoi la cause de l’écologie politique, malmenée lors de l’élection du 22 octobre, y gagnerait.