Édito

Glissement droitier

Glissement droitier
KEYSTONE
Elections 2023

Le dernier sondage avant le verdict des urnes le 22 octobre prochain. Le baromètre électoral réalisé pour la RTS par l’institut Sotomo a confirmé hier les tendances enregistrées depuis plusieurs mois: le bloc de gauche recule de deux points par rapport à 2019 au profit de la droite dure et du centre droit.

Il faudra bien sûr attendre le seul verdict qui compte, celui des urnes, les sondages étant par nature versatiles et empreints d’un taux d’erreur non négligeable. Le Centre dépassera-t-il comme annoncé le PLR – ce qui constituerait une première depuis la fondation de la Suisse moderne? L’écart est suffisamment faible pour être jugé négligeable. Mais cette progression d’un point peut aussi s’expliquer par la fusion du parti centriste avec la dissidence udéciste du Parti bourgeois démocratique.

Ce qui n’est pas forcément rassurant. La progression de l’extrême droite se fait donc sur sa ligne dure, sans récupérer ces «renégats». A savoir sur un discours néolibéral, anti-Etat, souverainiste, parfois complotiste, anti-immigration et xénophobe. Inquiétant de constater que cet aiguillage en fait le premier parti de Suisse avec 28,1% des intentions de vote, dix points devant le Parti socialiste suisse (PSS), second parti selon ce sondage. Cette progression est particulièrement marquée en Suisse romande, où l’implantation de la formation populiste est historiquement moins forte.

Le PSS semble avoir repris quelques couleurs (+0,5%), probablement en braconnant un peu sur l’électorat des Vert·es. Ceux-ci reculent en effet de 2,5 points. Il est vrai qu’ils avaient cartonné en 2019, dans la foulée des grandes grèves du climat. Mais, surtout, les fins de mois ont repris le dessus, selon cette étude. En tête des préoccupations des Suissesses et des Suisses: le racket des primes maladie. Les réponses du parti à la rose semblent davantage parler à cet électorat que le discours des Vert·es peut-être encore un peu monothématique.

Le temps politique est généralement lent. Surtout en Suisse. Sur la durée, une question se pose: les alliances contre-nature forgées entre le centre droit et le bloc UDC-PLR ne vont-elles pas aboutir à moyen terme à un renforcement de l’alliance rose-vert? L’UDC grignote déjà sur un PLR en recul. Et, dans des cantons comme Genève, où l’ex-PDC est véritablement centriste, le fait de servir de marchepied à l’UDC et au MCG peut rebuter. Plusieurs personnalités du Centre ont plus ou moins discrètement pris leurs distances. Ce n’est pas un mouvement de fond, mais cela reste révélateur.

Les quatre ans qui viennent semblent donc s’annoncer sous une coloration compliquée; raison de plus pour ne pas bouder les urnes et, pourquoi pas, faire mentir les sondages.

Opinions Édito Philippe Bach Elections 2023

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jeudi 12 octobre 2023
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