Édito

La liberté de la presse, mais à reculons

La liberté de la presse, mais à reculons
Médias

Pour une meilleure protection de la liberté de la presse. Le Parlement européen a donné mardi un premier feu vert à une Loi sur la liberté des médias. Globalement, une série d’avancées peut être saluée; mais on constate aussi que le filet de protection prévu présente des trous béants.

Ainsi, il convient de saluer le volet du dispositif visant à lutter les hyperconcentrations des médias en Europe. Mais il est vrai que cela vise surtout des pays de l’ex-bloc de l’Est comme la Hongrie, où la mainmise de Viktor Orban sur les médias est quasi-totale. La situation en France, en Allemagne ou en Suisse, où quelques grands groupes occupent des positions monopolistiques, ne devrait pas s’en trouver ébranlée. Dommage. Cela permettrait peut-être de mettre sous pression des entités comme TX Group qui vient d’annoncer sa volonté de réduire de 10% le nombre de ses journalistes en Suisse romande pour gonfler ses bénéfices.

Deuxième angle: la protection des sources journalistiques. Là aussi, quelques principes de base sont utilement rappelés pour garantir ce principe démocratique. Mais des clauses échappatoires ont été introduites dans le dispositif qui sont lourdes de dangers. Il sera en effet possible d’espionner les journalistes avec des logiciels types Pegasus! Mais uniquement sur ordre d’un juge et dans des cas graves (comme le terrorisme).

L’actualité récente –la France a embastillé durant trente-neuf heures une journaliste du média d’enquête Disclose pour la mettre sous pression et lui faire cracher ses sources– oblige à une certaine méfiance quant à la bonne fois dans l’application de ce principe. Mais il s’agit sans doute d’une tension entre l’Etat et le quatrième pouvoir aussi ancienne que le métier d’informer.

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