Vous prendrez bien 8,7%?
Une famille genevoise de deux adultes et deux enfants paiera en moyenne 1370 francs par mois de primes d’assurance maladie. La hausse de 8,7% en Suisse – 9,1% dans le canton de Genève, 9,9% sur Vaud – est le résultat de blocages politiques qui empêchent toute véritable réforme.
Or, l’accès à des soins de qualité pour toute la population est indispensable à une société qui fonctionne. Aujourd’hui, le renoncement aux soins est une réalité pour de nombreux ménages défavorisés, alertait il y a peu l’Observatoire suisse de la santé. L’augmentation des primes viendra amplifier le phénomène, avec des assuré·es qui choisiront des franchises plus élevées et éviteront d’aller chez le médecin. La hausse des primes augmente également le risque d’endettement des ménages les plus précaires.
Dans ce contexte, leur plafonnement à 10% du revenu, comme le pratique déjà le canton de Vaud, est essentiel. Et pour que les subsides soient réellement efficaces, il serait souhaitable qu’ils soient attribués automatiquement aux ménages qui y ont droit. A Berne, le parlement préfère fermer les yeux. Il a rejeté l’initiative pour un plafonnement à 10% du revenu, en faveur d’un contre-projet vide de tout contenu.
Loin d’être suffisante, une telle initiative semble pourtant incontournable pour impulser un réel changement. Tant que la hausse des coûts repose sur le dos des assuré·es, l’Etat ne prendra en effet aucune mesure efficace. L’instauration de primes en fonction du revenu et de la fortune, comme le proposent les Vert·es, mérite également d’être examinée.
Et tout doit être mis en œuvre pour faire barrage aux attaques de la droite, qui a franchi le pas de revendiquer sans complexe une médecine à deux vitesses. Le projet du PLR d’une «assurance low cost», où les assuré·es les plus précaires pourraient réduire leur prime en acceptant de renoncer à certains soins, est particulièrement inquiétant.
Au parlement de prendre ses responsabilités. Il n’est plus possible d’accepter que des firmes pharmaceutiques fassent entre 40% et 90% de marges sur des médicaments anticancéreux. Il n’est pas acceptable non plus que des médecins spécialistes gagnent plus de 500’000 francs par an pendant que des soignant·es peinent à joindre les deux bouts. La population vieillit, les besoins en soins seront toujours plus importants. Une politique de la santé basée sur le profit n’est plus tenable. Il est temps de développer un modèle qui place l’humain au centre, en renforçant la prévention et la médecine de premier recours.