Édito

Coûts de la santé, l’heure de vérité approche

Coûts de la santé, l’heure de vérité approche
La privatisation des soins depuis une trentaine d’années fait partie du problème à l’image des cliniques privées qui sont transformées en pompes à fric. KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
Primes maladie

La hausse des primes maladies qui sera annoncée cet automne devrait se situer entre 4% et 6%. C’est en tous les cas ce que semblent indiquer les projections calculées par l’Office fédéral de la santé qui a dévoilé jeudi les chiffres du premier semestre 2023: l’augmentation des coûts de la santé pour cette période est déjà de 7%.

Une progression qui va mettre toute une catégorie de ménages dans la zone rouge. L’envol des primes d’assurances-maladie est une des premières causes de pauvreté en Suisse et oblige cantons et Confédération à prévoir des subsides pour pallier cette dérive.

A cet égard, l’initiative socialiste qui prévoit un plafonnement à 10% du revenu des ménages est évidemment une priorité à défendre. Elle ne sera sans doute pas suffisante, même si elle obligera les collectivités publiques à mettre la main à la poche pour un montant estimé à 4,5 milliards de francs, soit un quasi-doublement des aides actuelles. Le Conseil fédéral tente déjà de la vider de son contenu via un de ses contre-projets dont il a le secret.

Une refonte plus globale du système de santé ne pourra pas être évitée. La privatisation des soins depuis une trentaine d’années fait partie du problème à l’image des cliniques privées qui sont transformées en pompes à fric. Elle prennent en charge les activités rentables et laissent au secteur public les opérations déficitaires. Résultat, environ 10% à 15% des frais de ces institutions ne sont pas couverts par les accords tarifaires.

Le poids de lobbies est également écrasant. Plafonner les salaires des dirigeants des caisses maladie? Pourquoi pas, selon le parlement fédéral… qui se refuse toutefois à fixer des limites claires dans la loi. Du bouillon pour les morts, donc.

De même, le prix des médicaments est notoirement trop élevé en Suisse. Y compris, et même surtout, pour les génériques qui sont parfois deux fois et demi moins cher à l’étranger, comme l’a montré une récente étude!

Le conseiller d’Etat genevois chargé de la santé Guy-Olivier Segond l’avait annoncé il y a un plus d’un quart de siècle: en bonne économie de marché, un système où la demande est socialisée et l’offre privatisée va dans le mur car personne n’a intérêt à impulser un changement. Mais cette stratégie dite du dos rond ne pourra pas être poursuivie incessamment.

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