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De bonnes raisons d’aller manifester à Berne

Un avenir à désirer

A Berne, le 30 septembre à 14h, dans dix-sept jours exactement, aura lieu la manifestation nationale pour le climat. Pourquoi y aller? Est-ce vraiment utile d’aller encore manifester? Personnellement je réponds oui. Mais allons faire un tour chez différentes personnes rencontrées dans le cadre de l’organisation de la manif climat et demandons-leur pourquoi elles seront présentes.

Nous rencontrons Alberto Silva dans sa ferme fribourgeoise. Alberto est secrétaire politique à Uniterre, une organisation paysanne indépendante, et développe en parallèle une micro ferme maraîchère. Pour s’y rendre, il faut marcher un quart d’heure depuis l’arrêt de bus le plus proche. Depuis plusieurs jours, il fait chaud, très chaud, autour des 35 °C, et je dois boire un litre d’eau pour survivre ce quart d’heure.

Cette chaleur est devenue le sujet de conversation numéro un. Avec Alberto aussi, nous parlons des températures extrêmes. Lorsque je lui demande comment se pratique une agriculture écologique, il me répond: «Tout d’abord l’agriculture écologique se pratique avec plaisir… quand il ne fait pas 35 °C.» Mais le plaisir n’est pas la seule chose que ces températures enlèvent aux agriculteurs et aux agricultrices. Alberto nous parle de l’intensification des épisodes météorologiques extrêmes, comme les canicules, les épisodes de grêle et les pluies torrentielles.

Ces événements météorologiques l’ont déjà amené à abandonner certaines cultures. Toutes ces pressions sur les ressources naturelles constituent un problème en soi, bien sûr, mais représentent aussi une menace économique pour les agriculteur·ices. C’est pour cela qu’Alberto milite pour des prix équitables: pour lui, une rémunération correcte des paysan·nes est le premier pas vers une agriculture écologique. Il nous explique aussi qu’il faut développer des pratiques agricoles moins friandes de pesticides et moins d’énergies fossiles.

L’agriculture écologique nécessite davantage de travail manuel et, surtout, plus de personnes actives dans le secteur agricole. Ce qui est possible uniquement avec de bonnes conditions de travail. Le 30 septembre, Alberto se joindra au «bloc agriculture» aux côtés de nombreuses personnes qui partagent ses convictions et son engagement.

Interviewée dans le cadre de la préparation de cette manif, Mirjam Arn nous rejoint dans notre bureau à Berne en se faufilant entre les flyers, affiches et autres post-it. Mirjam est médecin et fait partie d’un groupe engagé sur le thème de la santé et du climat. Le dérèglement climatique a des conséquences directes sur la santé des personnes. Les vagues de chaleur augmentent le risque de mourir de maladies cardiovasculaires; les tiques et les moustiques tigres transmettent de plus en plus de nouvelles maladies infectieuses; la crise climatique a aussi un impact négatif sur la santé mentale des personnes…

La liste est longue. Mirjam insiste: le système de santé est actuellement déjà sous pression et «s’engager pour lutter contre la crise climatique, c’est aussi s’engager dans une lutte pour la santé». C’est pour cela qu’elle rejoindra le «bloc santé» à Berne.

Parmi les autres personnes rencontrées, la professeure Julia Steinberger nous rappelle la nécessité d’un engagement citoyen fort. Elle nous dit que, dans le monde actuel, «être actif, c’est être vivant».

Evidemment, de nombreux et nombreuses jeunes – universitaires, gymnasien·nes, apprenti·es – répondront présent·e le 30 septembre. Pour ne citer que deux exemples, Philémon, écolier, se rendra en vélo à Berne; Julien, apprenti dans le bâtiment, protestera en faisant savoir que les conditions sur les chantiers seront bientôt intenables.

Pour finir, n’oublions pas que le 22 octobre, un peu moins d’un mois après la manif, nous allons élire nos représentant·es politiques au niveau fédéral. Oui, la vague verte d’il y a quatre ans n’a pas amené tout ce que nous espérions et, oui, le changement ne viendra pas uniquement de la politique institutionnelle. Mais les élections, comme la manif climat, sont une façon de montrer ce que nous voulons: une politique climatique réellement efficace, qui prenne en compte la justice climatique.

Alors venez à la manif nationale pour le climat du 30 septembre, avec votre famille, vos ami·es, vos propres raisons, votre propre engagement!

www.climatestrike.ch/system-change

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