Édito

Fin de Credit suisse: vae victis

Brouillon auto 473
Ein Mann laeuft zwischen den beiden Logos der Banken UBS und Credit Suisse, aufgenommen am Montag, 12. Juni 2023 in Zuerich. Heute verkuendete die nunmehr einzige Schweizer Grossbank in einem offenen Brief: Die Uebernahme der Credit Suisse durch die UBS ist vollzogen. (KEYSTONE/Ennio Leanza)
Banque

Un coup de poker qui rapporte. Credit Suisse va disparaître ou, plutôt, pour reprendre les termes employés par la direction d’UBS, faire l’objet d’une «intégration complète». Le verdict a été annoncé ce jeudi à l’occasion des résultats trimestriels de cette dernière.

Et les chiffres sont édifiants: d’un point de vue comptable, l’affaire représente un bénéfice de 25 milliards de francs pour UBS, alors que cette dernière n’a mis «que» 3 milliards dans le rachat. On entend déjà les porte-flingues du lobby de la finance qui nous diront que la banque aux trois clés avait pris un risque en reprenant Credit Suisse. On rétorquera que ce risque était pour le moins calculé dans la mesure où la Confédération était là en filet de sécurité. Le fait d’avaler de la sorte son rival – le PLR a réagi de manière attristée en déplorant la disparition de l’établissement aux deux voiles, les hyperconcentrations constituant une entrave au bon fonctionnement des marchés – relève sans doute d’une logique darwiniste dans ce monde des grands fauves de la finance. Malheur aux vaincus.

UBS a renoncé aux garanties publiques. Sans doute qu’une fois que ses auditeurs ont pu soulever le capot de l’engin qu’ils venaient d’acquérir, ils ont fait leurs calculs et constatés que l’affaire était plus rentable qu’il n’y paraissait. Et surtout, cela leur laisse la bride sur le cou pour aller de l’avant. Jeudi, il a été annoncé que 3000 postes sur les 37’000 que comptent les deux établissements en Suisse allaient disparaître. C’est moins que les 10’000 annoncés, mais cela représente tout de même une coupe de 8% des effectifs.

On peut se demander si, pour des raisons de communication, la tactique du salami n’est pas en train d’être pratiquée. Ou si suffisamment d’employé·es ont déjà pris le large de leur propre chef. Reste que la charge sociale de ces suppressions de postes retombera à la charge des collectivités publiques.

Surtout, la question de la surveillance de ce géant bancaire d’importance systémique reste entière. En renonçant opportunément à la garantie de l’Etat il y a moins d’un mois, UBS s’ôte un fil de la patte et réduit le risque d’une ingérence de la Confédération dans ses affaires. Avant la prochaine crise. Reste à savoir si un nouveau sauvetage du géant bancaire qui naît de cette absorption sera encore à la portée de la Suisse, qui est certes un pays riche, mais qui sera confronté à un établissement dont le bilan à plus de 1700 milliards (deux fois le produit intérieur brut du pays), selon certaines estimations, donne le vertige.

En tous les cas, on sait qui commande dans cette affaire.

Opinions Édito Philippe Bach Banque Credit Suisse-UBS UBS

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