Au-delà du dôme de chaleur
La Suisse se retrouve prise sous le dôme de chaleur qui étouffe une partie de l’Europe. Les autorités genevoises et vaudoises ont déclenché ce jeudi leurs plans canicule respectifs, ce qui, par ricochet, signale aux communes de lancer des actions de prévention. Pour l’heure, ce sont surtout les senior·es et les enfants – plus fragiles – qui sont ciblé·es.
Crise climatique oblige, ces événements extrêmes se multiplient. En termes de prévention, le message va devoir changer et cibler l’ensemble de la population. Aglaé Tardin, la médecin cantonale de Genève, en est pleinement consciente. Certaines activités vont devoir être déplacées dans le temps. Faire son jogging durant la pause de midi n’est pas raisonnable quand le mercure prend l’ascenseur…
C’est toute une organisation de nos loisirs et de notre manière de travailler qui doit être adaptée. Il est pour le moins inquiétant que la Loi fédérale sur le travail reste quasi-muette sur cette question. On ne devrait pas avoir à étaler du bitume en pleine canicule. Mais, en termes de rapports sociaux, le patronat aimerait au contraire allonger les journées de travail en plein été et réduire, sans compensation, les horaires durant l’hiver via une annualisation du temps de travail qui ne dit pas son nom. Inquiétant. De même, était-il très intelligent de réduire les vacances d’été pour les élèves, comme cela a été le cas à Genève? Ce lundi, les écolier·ères vont regagner leur établissement en plein cagnard…
A la suite du dépôt de l’initiative visant à saborder la SSR, l’UDC et la jeune garde libérale ont piaillé contre les erreurs commises par les services météo et justifié de la sorte leur attaque contre le service public audiovisuel. Les algorithmes utilisés ont dysfonctionné et ont provoqué l’affichage de températures trop élevées sur les applications. La preuve d’un parti pris pour dramatiser l’agenda climatique, selon l’extrême droite volontiers complotiste.
En l’occurrence, c’est bien un discours climato-négationiste qui nous est servi par le plus gros parti suisse. Celui-ci s’était déjà distingué par sa lutte contre la loi sur le CO2 et celle sur le climat approuvée par le peuple en juin.
De mauvais augure, alors que le défi est de taille. Il va falloir une sérieuse dose de courage politique pour résister à cette politique du déni, attisée par les puissants lobbies des énergies fossiles. Et le volontarisme progressiste n’est pas précisément ce qui caractérise la classe politique suisse.