L’homme qui murmurait à l’oreille des Chambres
Un discours calibré pour la Suisse. Jeudi, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, s’est exprimé en duplex avec les Chambres fédérales. Un exercice critiqué à l’extrême droite, arcboutée sur une lecture stricte de la neutralité, mais dont certains membres manifestent de surcroît un tropisme prorusse. La droite libérale, de son côté, est divisée et certains de ses membres ne dédaigneraient sans doute pas de réaliser quelques juteuses affaires.
>Lire aussi notre article: « Kiev s’invite à Berne »
Des conseillers en communication ont soigneusement lissé le discours du dirigeant ukrainien. Pas d’attaques frontales qui auraient pu braquer, notamment sur le refus de la réexportation d’armes produites en Suisse et vendues à des pays tiers. Cela ne l’a pas empêché de plaider une nouvelle fois pour des livraisons d’armes à son pays afin que ce dernier puisse se défendre et repousser l’agresseur russe.
Une manière aussi de rappeler qu’il y a un agresseur et un agressé, quelles que soient les réserves qu’on peut avoir devant une démocratie qui était gangrenée et pour le moins très relative avant l’invasion. Jeudi, la rapporteure des Nations unies sur la torture (un poste qui n’engage pas l’ONU), Alice Jill Edwards, a aussi estimé dans une missive que les troupes russes en Ukraine torturent «systématiquement et intentionnellement» civils et prisonniers de guerre!
La question qui demeure ouverte et qui, pour le coup, divise la gauche: la livraison d’armes est-elle le meilleur moyen de rétablir la paix1>Une voix pacifiste permettant de mettre fin à cette boucherie est-elle possible? Mercredi prochain (21 juin, 19h, Maison des associations à Genève), une soirée organisée par le Comité «Halte à la guerre» permettra sinon d’explorer des pistes, du moins de débattre de la question.? D’autant plus que le belligérant agressif dispose de l’arme nucléaire ce qui affaiblit la portée de certaines gesticulations militaires.
Jeudi, le président ukrainien a très habilement mis en avant le rôle de bons offices qu’affectionne la Suisse. Notamment en invitant notre pays a organiser un Sommet mondial pour la paix. A voir si l’intervention audiovisuelle de jeudi ne sera pas déjà ressentie par la Russie comme le geste de trop. La livraison de quelques armes à laquelle la Suisse pourrait contribuer ne changerait rien à ce conflit; un rôle pacificateur aurait sans doute un impact sans commune mesure avec ce coup de pouce militaire.
Notes