Revendications en fête
«Du respect! Du temps! De l’argent!» La Suisse résonnera ce mercredi de cette revendication et de bien d’autres encore. Car même si quelques avancées ont eu lieu depuis la grève de 2019, les inégalités entre hommes et femmes restent légion. Pour celles-ci, le droit à l’avortement reste soumis aux jeux politiques de certains partis. Les violences sexistes et sexuelles continuent à abîmer la vie de bien trop nombreuses femmes et de personnes LGBTIQ+, ici comme à nos portes, pour celles qui cherchent refuge précisément pour ces motifs. Quant à l’écart de revenus sur toute la vie professionnelle (qui tient compte de l’emploi féminin à temps partiel), il se montait en 2018 à 43,2%, alors que les femmes travaillent autant d’heures que les hommes… Un chiffre qui sacre la Suisse troisième plus mauvaise élève d’Europe.
Si ces écarts importent tant, c’est qu’ils se répercutent lourdement sur les rentes versées à la retraite. Et que les salaires disent la valeur accordée à certains métiers et aux compétences qu’ils exigent. Or de nombreux métiers féminins, tels les soins en EMS ou à domicile, sont toujours clairement dévalorisés.
Dans toute la Suisse, des actions diverses rythmeront cette journée: débrayages ou pauses de protestation, flash-mob ou groupes de parole Tupperware, sonneries de cloches, concerts, discours et, évidemment, défilé en fin de journée (consulter notre agenda). Les Femmes libérales-radicales vaudoises ont fait savoir qu’elles n’y seraient pas, au motif qu’une bonne partie du mouvement se revendique anti-capitaliste.
Dommage. Le faisceau des inégalités subies par les femmes n’était-il pas assez large pour que chacune s’y reconnaisse? L’heure est à la dénonciation – la recherche de solutions se poursuivra demain. Cette dernière aurait pu être plus intelligente et plus constructive, riche d’avoir manifesté ensemble. Mais la reculade vaudoise s’inscrit somme toute dans la droite ligne des positions anti-sociales et anti-féministes des formations de droite –quand de nombreuses motions parlementaires, il faut le relever, ont été déposées depuis 2019 par la gauche, en faveur de l’égalité, au niveau cantonal et fédéral.
Ce 14 juin devrait être à la fois un cri et une fête. Nourri par une énergie et des valeurs qui engageront l’avenir en structurant des engagements individuels, associatifs ou collectifs, intimes ou publics. C’est tout le bien que l’on peut souhaiter à ce vaste mouvement intergénérationnel de refus des discriminations.