Un tiens vaut mieux…
Le congé paternité de deux semaines accepté par les Suissesses et les Suisses en 2020 n’est que la pointe de l’iceberg. Derrière, dans divers cantons, toutes régions linguistiques confondues, d’autres textes se bousculent au portillon afin d’introduire un congé parental plus long. Alors que Zurich a refusé 36 semaines l’année dernière, Berne se prononcera sur 40 semaines le 18 juin. A Genève, la population est appelée à se déterminer sur 24 semaines.
Aujourd’hui, les femmes bénéficient de 14 semaines de congé maternité, 16 à Genève. Les pères ont, eux, droit à deux semaines. L’initiative des Vert’libéraux genevois, intitulée «Pour un congé parental maintenant!» veut également offrir la possibilité aux parents, tous sexes confondus, de s’échanger deux semaines de congé. Car oui, l’initiative reconnaît la diversité des modèles familiaux, du couple hétérosexuel à la famille adoptive ou accueillante, en passant par les conjoint·es de même sexe. Sur le papier, le projet est séduisant à plus d’un titre: le deuxième parent gagne plusieurs semaines pour s’occuper du nouveau-né. Le couple dispose de 10 jours à se répartir à sa guise. Mais, à l’instar des textes d’autres cantons, il souffre de défauts importants. A commencer par le fait que seule la Confédération peut légiférer en la matière.
Ainsi, à Genève, l’initiative vert’libérale inscrit une obligation paritaire de cotiser, mais ne peut obliger un patron de l’économie privée à libérer son employé·e. Pour la gauche, il s’agit-là d’une véritable tromperie. Avec la majorité des syndicats et la grève féministe, elle appelle à refuser cette initiative. Les opposant·es
jugent par ailleurs la possibilité pour la mère de se délester de deux semaines de congé maternité comme une attaque sans précédent contre cet acquis social avec le risque, à terme, de le voir raccourci.
Et de rappeler qu’un projet de loi est gelé au Grand Conseil pour un congé parental de 36 semaines. La gauche appelle à ressusciter son texte. Un vœu pieux au vu de la majorité politique. L’initiative des Vert’libéraux, minimaliste dans ses demandes, n’est pas parfaite, mais elle a le mérite d’exister, de permettre le débat sur un modèle de congé parental et, peut-être, de faire bouger les lignes.