La haine perdure
Aujourd’hui, les personnes LGBTIQ ne peuvent toujours pas vivre librement telles qu’elles sont, affrontant des manifestations d’hostilité et de haine inacceptables. C’est le triste constat qui se dégage des chiffres livrés par plusieurs associations à l’occasion de ce 17 mai, Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.
En 2022, 134 agressions et discriminations ont été dénoncées à la LGBTIQ-Helpline, une antenne de signalement des agressions homophobes ou transphobes encore peu connue en Suisse romande. C’est le chiffre le plus élevé jamais enregistré, en nette augmentation par rapport à 2021. La situation n’est pas propre à la Suisse. En France, l’association SOS Homophobie a enregistré quelque 1500 signalements l’an dernier – insultes, crachats, discriminations, violences physiques. Si les trois premiers types d’atteintes restent relativement stables en comparaison avec 2021, les agressions physiques, elles, sont en hausse de 28%.
En 2013, la France adoptait la loi sur le Mariage pour tous. Après avoir déclenché une forte opposition, celle-ci n’est plus remise en cause par personne. Et les maires qui avaient refusé de marier les couples homosexuels semblent avoir renoncé à leur boycott. Mais chaque avancée se paie durement. A l’occasion des dix ans de cette loi, de nombreuses personnes LGBTIQ témoignent de la violence qui s’est déchaînée contre elles ces années-là, des menaces aux agressions réelles, en passant par les sacs poubelles balancés dans le jardin ou autres humiliations. Cette violence perdure, montrent les nouveaux chiffres. Au jour le jour, certains et certaines vivent dans la vulnérabilité du simple fait de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. L’utilisation d’applications de rencontres pour attirer dans un traquenard n’est qu’un sinistre exemple supplémentaire des haines possibles.
Aujourd’hui, les personnes trans et non-binaires sont particulièrement ciblées. L’hostilité qui leur est manifestée explique aussi leur moins bonne santé mentale au sein de la communauté LGBTIQ. Pour les associations, le refus du Conseil fédéral de reconnaître juridiquement les personnes non-binaires contribue par exemple à nourrir un climat de discrimination. Elles réclament des politiques de prévention dans les cantons, un soutien aux associations LGBTIQ locales, comme la mise en place d’un recensement officiel, et la formation de la police. En 2022, seuls 11% de ces cas ont en effet été dénoncés à la police. En cause, la crainte d’être mal reçu·e et d’ajouter une situation psychologique éprouvante à l’atteinte déjà vécue.