Édito

«Putain, cinq ans!»

«Putain, cinq ans!»
Antonio Hodgers, Thierry Apothéloz et Carole-Anne Kast. JEAN-PATRICK DI SILVESTRO
Elections cantonales genevoises

L’actuelle majorité de gauche du Conseil d’Etat genevois, en place depuis deux ans, n’aura pas survécu au second tour des élections cantonales. Le contraire eût constitué un tour de force au vu des équilibres sortis des urnes au début du mois, avec un fort glissement à droite du Grand Conseil. Socialistes et Vert·es parviennent cependant à conserver trois sièges sur sept, à la faveur de propositions cohérentes sur les grands sujets touchant au quotidien des Genevois·es: mobilité, logement, précarité, climat.

La principale surprise reste l’élection de Pierre Maudet. Malgré sa condamnation pour acceptation d’un avantage, l’ex-PLR a convaincu, au terme d’une campagne de terrain, une partie de la population de lui faire à nouveau confiance. Elu sous l’étendard radical «Libertés et justice sociale», il affirme désormais ne plus être ni de gauche ni de droite, mais de gauche et de droite. Cela se vérifiera assez rapidement. Il pourrait occuper le rôle d’arbitre endossé depuis dix ans par Mauro Poggia, dont le parti a été éjecté de l’exécutif dimanche.

Le Parti socialiste conserve ses deux sièges grâce à l’élection du sortant Thierry Apothéloz et l’arrivée de la magistrate onésienne, et vice-présidente de l’Asloca, Carole-Anne Kast, elle qui apparaît comme la plus à même de défendre les locataires malmené·es par les augmentations des loyers et des charges. Désormais doyen, en termes d’ancienneté, et futur président de l’exécutif, Antonio Hodgers a tiré son épingle du jeu. Au contraire de sa colistière, la sortante Fabienne Fischer, échouant à quelques centaines de voix près.

Les deux candidat·es que la verte avait devancé·es en 2021 lors de l’élection complémentaire la coiffent à l’arrivée avec notamment la «remontada» de Delphine Bachmann. Si l’Alliance de la droite et de l’extrême droite a servi à quelqu’un, c’est à elle, qui gagne plus de 20’000 suffrages entre le premier et le second tour. Un score qui ne saurait s’expliquer par la seule hausse de la participation.

Indubitablement, il y a eu un vote femme permettant au nouveau collège d’en compter une majorité. Une première à Genève. A l’inverse, l’alliance n’a qu’inégalement servi les intérêts de Lionel Dugerdil et de Philippe Morel, respectivement UDC et MCG. Les deux formations ne placent aucun de leurs candidats, alors qu’elles représentent un tiers des sièges au parlement.

Le futur conseil d’Etat prendra quelques jours pour décider de la répartition des dicastères. On verrait mal Pierre Maudet à Justice et police, comme on imagine difficilement Delphine Bachmann, cadre du groupe Hirslanden, à la Santé. Dans l’intervalle, la gauche reprendra la rue dès lundi, à l’occasion du 1er Mai, pour faire entendre ses revendications. Car comme disait la marionnette de Jacques Chirac dans Les Guignols de l’info: «Putain, cinq ans!»

Opinions Édito Christiane Pasteur Elections cantonales genevoises

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