Prix d’écriture durable: «T’as lu?»
Mélanie remet le capuchon de sa veste. Il fait froid et il fait gris. Elle essaie de marcher vite, tout en évitant les flaques d’eau qui stagnent dans les creux du trottoir. Une de ses lentilles ne colle pas bien dans son œil, elle sent que ça va l’énerver toute la journée.
Elle arrive devant la tour en verre dans laquelle se trouve son bureau. Le vélo de Marc est déjà là. Ça ne fait que l’énerver un peu plus. Marc insiste pour venir à vélo, même quand il pleut. Et il pleut souvent. Maintenant il doit être en train de faire sécher sa veste, son pantalon de pluie et le reste des habits en plastique non identifiés qui le protègent de l’eau grise tombant du ciel en permanence… Il va faire sécher tout ça dans leur bureau partagé et Mélanie va devoir se faufiler entre ses habits humides toute la journée. Elle déteste ça. Pourquoi Marc ne peut pas venir en tram comme tout le monde, où encore mieux, en voiture? Il a assez d’argent pour une voiture en plus, il gagne plus qu’elle, alors qu’ielles ont commencé ce travail en même temps. Elle entre dans le bâtiment, il fait plus chaud déjà.
Si Mélanie prenait le temps, là maintenant, de réfléchir. Si elle s’asseyait par terre… ou même mieux, si elle se couchait par terre et regardait le plafond (plafond qui n’a jamais vraiment été regardé parce que ça arrive rarement que quelqu’un·e se couche par terre dans le bâtiment de bureaux le plus fancy de Zurich), si elle prenait le temps, elle sentirait qu’en fait elle n’a pas envie d’être là, elle a très profondément pas envie d’être là.
Mais elle sentirait aussi qu’elle n’a aucune idée d’où elle voudrait être. Et ça, ça lui ferait tellement peur que très probablement elle se relèverait et continuerait sa journée en espérant que personne ne l’ait vue faire quelque chose qu’on ne fait pas. Il se trouve qu’elle traverse à grands pas le hall d’entrée dans lequel elle aurait pu se coucher et trouver le sens de la vie. Peut-être. Mais c’est quoi le sens de la vie, en fait? Bref.
Son bureau est au quinzième étage. Elle se sent toujours éloignée de la ville quand elle est dans son bureau, comme si elle flottait au-dessus de la réalité du monde. Mais ces pensées, ce ne sont pas vraiment les siennes, c’est les miennes. Moi qui écris ce texte, tu sais. Et ce n’est pas vraiment les miennes non plus, pour être honnête. Je les tiens d’autre part – un texte que j’ai lu, je crois. Et ça semblait faire sens de les ressortir ici pour continuer à vous faire comprendre que Mélanie est déconnectée du monde comme un ordi sans wifi. Vous comprenez? Bref, je me perds.
Mélanie entre dans le bureau qu’elle partage avec Marc, «l’écolo de service» (ça, ce sont ses pensées à elle, pas les miennes). Marc est en train d’enlever ses chaussures et ses chaussettes et essaie de les faire sécher sur le radiateur. Ses habits de pluie n’ont pas très bien tenu, on dirait. Mélanie lui dit bonjour et lui fait comprendre qu’elle est énervée. Marc l’avait déjà compris. – depuis que sa psychiatre lui a dit qu’il semblait souvent bien deviner ce que ressentaient les gens autour de lui, il se rend compte qu’elle a raison. Il ne pense pas que c’est justifié que Mélanie soit énervée, mais il ne peut pas s’empêcher de lui proposer un café. Elle dit oui – avec du lait d’avoine stp.
– T’as fait quoi hier? il lui demande.
– J’ai fait un puzzle avec ma date.
Mélanie s’en fout que Marc ne comprenne pas la métaphore du puzzle.
Les deux travaillent en silence dans le petit bureau qui commence déjà à sentir les chaussettes mouillées. Marc enlève ses chaussettes du radiateur, il a peur qu’elles prennent feu.
– Y a un grand meeting aujourd’hui, il dit. Tu sais sur quoi?
Marc n’est jamais au courant de rien. Mélanie oui, alors qu’elle est moins payée que lui (je l’ai déjà dit je sais).
– La team développement durable présente sa nouvelle stratégie ESG machin, là, à des investisseurs et d’autres gens que ça intéresse je crois… Environmental, social, governance, elle ajoute après un petit temps.
Marc à envie de lui dire qu’il sait très bien ce que ça veut dire ESG. Mais il ne le fait pas. Il dit: – J’espère qu’ils ont fait un truc bien.
– De quoi?
– Une bonne stratégie ESG, je veux dire.
– T’as pas lu?
– Lu quoi?
– Bah, la stratégie ESG.
Il hésite. – Non.
Marc sent que Mélanie se réjouit qu’il ne soit pas au courant. C’est vrai. Mélanie ne peut pas s’empêcher de ressentir une certaine satisfaction à l’idée que Marc fasse semblant de s’intéresser à ce genre de chose (la «responsabilité sociale et environnementale de leur entreprise», tout ça tout ça) et qu’en vrai il s’en foute tout autant qu’elle. Marc se sent coupable de ne pas avoir lu. – T’as lu toi?
– Non.
Les deux ne se parlent plus de la matinée, à part quand Mélanie demande à Marc de lui traduire un mail en espagnol qu’elle a reçu. Il en traduit un bout, puis lui dit qu’elle peut l’effacer. C’est pas important. Ielles passent une bonne partie de leur temps à effacer des mots pas importants. Des gens qui se plaignent, des gens qui demandent des choses.
Pendant la pause de midi, Mélanie descend prendre l’air. Il pleut toujours. Du coup, elle finit juste par aller acheter un sandwich au magasin d’à côté. Elle envoie un texto à une amie: «On a puzzlé hier.»
Cette amie, c’est la seule qui comprenne la métaphore du puzzle. Elles l’ont inventé ensemble. Mélanie se rappelle bien, elles étaient assises dans la cafétéria de l’Uni comme d’habitude. Elles parlaient de leurs histoires d’amour du moment. Son amie lui a dit qu’elle était stressée parce qu’une fille avec qui elle textait lui avait demandé si elle voulait venir faire un puzzle chez elle. Mélanie avait éclaté de rire: «C’est tellement une bonne métaphore, le puzzle pour le sexe.»
Puis elle avait rajouté toujours en riant: «Parfois tu sais pas où vont les pièces.»
Ce n’était pas une si bonne métaphore, on est d’accord, mais c’est resté.
Après cinq minutes, Mélanie reçoit un texto: «C’était bien?»
Elle ne répond pas tout de suite, parce qu’elle ne sait pas quoi répondre.
Ça fait longtemps qu’elle ne se rappelle plus trop ce que c’est d’être vraiment attirée par quelqu’un·e. Et quand elle essaie de se rappeler, ça la rend triste. Finalement elle écrit: «Ouais ça va.»
Mélanie remonte dans la tour en verre avec son sandwich. Dans la salle de pause, quelques personnes mangent des repas réchauffés en discutant ou en regardant leur téléphone. Marc est en pleine discussion avec un gars en costard. Probablement une des personnes en train de présenter un beau PowerPoint de stratégie sociale et environnementale à plein de gens qui veulent juste savoir s’ils ou elles peuvent faire du profit en investissant dans l’entreprise. Mélanie n’y croit pas trop en vrai – et elle pense que le gars en costard n’y croit pas trop non plus. Elle ne sait même pas si Marc y croit vraiment. Croire à quoi? vous demandez. Je ne sais pas moi. Croire qu’on peut changer le monde avec des PowerPoint.
Marc pose plein de questions au gars en costard. Leur conversation a l’air intéressante. Peut-être que si c’était un autre jour, s’il ne pleuvait pas, si Mélanie était de meilleure humeur, elle se joindrait à eux.
Après avoir bu son café, elle retourne dans son bureau et continue à lire de mails. C’est lundi, il y a toujours beaucoup trop de mails le lundi. Parfois ça la stresse tellement qu’elle regarde les mails le dimanche soir. Souvent ça ne sert à rien.
Marc revient. Ses habits ne sont toujours pas secs. Sans lui demander si ça l’intéresse, il lui fait un résumé de sa conversation avec le PowerPoint-ESG gars. Il enchaîne des mots qui sonnent bien, comme responsabilité, durabilité, futur, engagement, dialogue… Si Mélanie l’écoutait, elle serait convaincue. Il se trouve qu’elle ne l’écoute pas trop, parce qu’elle essaie en même temps de comprendre un mail dont elle n’est même pas sûre de la langue dans laquelle il a été écrit. Elle efface le mail. La journée et la pluie continuent.
***
Si vous me permettez quelques considérations pseudo-philosophiques: pendant que la journée continue pour Mélanie, les réunions qui ont lieu au-dessus de sa tête (littéralement) continuent aussi.
Quand Mélanie part du travail à 17h30, des choses ont été décidées. (Haha c’est philosophique pour l’instant non?) Des promesses ont été faites, des promesses de changer le monde – «créer un vrai dialogue entre produteur·ices et consommateur·ices», «avancer sur le chemin de la durabilité», «considérer la neutralité carbone comme notre premier but le plus important à tout jamais» (Ok, pour le dernier, j’ai exagéré.) Mais vous comprenez ce que je veux dire? Ces promesses sont vides. Ces promesses sont faites par des gens qui n’en ont tout autant rien à faire que Mélanie. Même davantage rien à faire que Mélanie, en réalité. Parce que Mélanie, si on regardait vraiment tout au fond d’elle, on trouverait un petit tas de peurs et de doutes qu’elle ignore. Elle les ignore pour pouvoir continuer à penser aux puzzles et voir ses ami·es, et juste vivre sa vie. Et je la comprends. Vous la comprenez aussi? Ou vous êtes faché·e contre elle parce qu’elle ne fait pas assez? Parce qu’elle ne donne pas sa vie pour changer le monde? – je suis fâchée un peu aussi. Mais je la comprends. Je garde ma colère pour les gens tout en haut de la tour.
palmarÈs
Le concours d’écriture a été lancé à l’occasion de la 6e édition de la Semaine de la durabilité UNIL-EPFL, qui a eu lieu du 6 au 10 mars à Lausanne. Cette série d’événements, destinée à sensibiliser les étudiant·es de l’Université et de l’Ecole polytechnique de Lausanne aux enjeux sociaux et économiques reliés aux questions de durabilité et d’écologie, était organisée par l’association écologiste étudiante Unipoly, active sur les deux campus. Dans le cadre de la semaine, les étudiant·es ont été invité·es à composer un texte satirique en lien avec la notion de durabilité, en y intégrant la présence d’une multinationale suisse. Le Courrier a endossé le rôle de jury.
Résultats du concours. Leonie Lalive a décroché le 1er prix. Elle reçoit un abonnement web d’une année au Courrier et voit son texte publié dans la page Contrechamp du journal (à lire ci-dessus). Les trois lauréats suivants, Grégoire Mottet et Flavien Pichonnat, 2e prix ex aequo, et Maxime Ferréol, primé hors concours, bénéficient d’un abonnement d’essai web de 2 mois et d’une publication en ligne de leurs productions respectives sur le site du Courrier.
Découvrez ci-après les textes des finalistes du concours publiés en exclusivité:
- «Cache-cache et rouleau compresseur» de Grégoire Mottet. Le constat que les multinationales suisses – au hasard, Nestlé – balancent entre l’art de la discrétion et le jeu d’une communication (forcément!) «responsable»: les affaires restent les affaires.
- «Chocolat, quand tu nous tiens…» de Flavian Pichonnat. Ou la saga du groupe zurichois Barry Callebaut, no1 mondial du chocolat et des produits cacaotés, adepte du capitalisme vert, convaincu que faire travailler les enfants n’est pas très porteur pour l’image.
- «Un avenir radieux, foi de multinationale!» de Max Ferréol (titre original: «Pour un avenir radieux: Glenfitol présente ses mesures courageuses»). Quand un négociant (fictif) en pétrole radioactif communique sur son audacieux programme de durabilité. CAC
Leonie Lalive est étudiante en deuxième année de Bachelor en anglais et sciences de l’environnement à l’Université à Zurich.
Unipoly: association étudiante de l’UNIL et l’EPFL pour une écologie active.
«Cache-cache et rouleau compresseur»
Finaliste du concours de la Semaine de la durabilité UNIL-EPFL, Grégoire Mottet constate, à travers une analyse critique où l’ironie point, que les multinationales suisses balancent entre l’art de la discrétion – souvent fiscale – et le jeu de la communication – forcément «responsable». Les affaires restent les affaires.
Critiquer une multinationale suisse n’est pas chose facile. Il y a maintes raisons à cela. D’abord, en Suisse, nos géantes nationales partagent une certaine tradition de la discrétion, pour ne pas dire du secret. Hormis certaines grandes enseignes, qui alimentent d’ailleurs la fierté patriotique, il existe une myriade d’entreprises dont le nom est plus ou moins inconnu du grand public, notamment dans le fructueux domaine du négoce de matières premières. Leur attention particulière à ne laisser traîner aucune information les concernant rend toute forme de connaissance à leur égard pratiquement impossible, à moins de choisir de les infiltrer ou de les espionner. Malheureusement, ces pratiques sont davantage utilisées par ces mêmes grandes entreprises que par les quelques groupes qui essaient de s’en approcher. En témoigne le scandale d’espionnage de l’association altermondialiste Attac par Nestlé dans les années 2000. Nous nous contenterons donc de citer quelques noms inconnus. Peut-être qu’au détour d’une rue verrez-vous un jour une discrète plaquette en or en bas d’un bâtiment indiquant ces locaux: André & Cie, Diethelm-Keller, Union Trading Company International, Volkart.
En plus d’aimer le cache-cache, nombreuses sont les multinationales suisses à opérer offshore. Les mines d’Holcim sur la colline du Mormont ne sont qu’une infirme partie de l’activité du groupe. Nestlé possède tant d’entreprises qu’il faut un index alphabétique pour les lister. Une poignée produit réellement en Suisse. Glencore et ses collègues négociants ne font en Suisse que de l’administration, de la décision et de l’achat-vente sur des ordinateurs, dans des bureaux semblables à tant d’autres bureaux. Tous ceux-ci possèdent pourtant d’immenses terrains, mines, plantations, mais bien loin d’ici. Là où on trouve les précieuses matières premières ainsi qu’un «coût du travail» réduit. Comprendre: extractivisme et populations exploitées.
Ici, un petit aparté informatif: nombreuses sont les entreprises de par le monde qui ont choisi de déménager (leur siège, pas leur production évidemment – qui aurait idée de venir payer des salaires suisses?) pour bénéficier du calme suisse. Comprendre: pour bénéficier du paradis fiscal helvétique. Ainsi la Suisse a l’honneur d’héberger non seulement des compagnies fondées dans le pays, mais aussi des groupes internationaux ayant trouvé un refuge protecteur sur les rives du Léman ou dans des cantons à la légèreté fiscale encore plus prononcée, comme Zoug.
La machine est parfaitement huilée
Assurer que toutes les entreprises suisses cachent leurs activités et cherchent à rester opaques est peut-être un peu exagéré et, surtout, ne fait pas assez honneur aux sommes astronomiques englouties par les départements de com’ de plusieurs d’entre elles. L’agencement particulièrement fourni des pages d’accueil de sites internet force le respect. Le travail est propre et l’argumentaire se déroule comme un rouleau compresseur capable d’aplatir toutes les critiques. En prenant l’exemple (au hasard) de Nestlé, rien ne semble lui résister. Vous êtes préoccupé·e par le dérèglement climatique? Nestlé a une «road map» pour atteindre zéro émission CO2 en 2050. Nestlé lutte contre le gaspillage alimentaire. Nestlé a amené des panneaux solaires dans le désert. Vous trouvez que la place des femmes dans l’économie est une question importante? Nestlé pense aussi que ce sujet est central et place des femmes à des postes de «leader». Nestlé soutient une «politique de protection de la maternité». Les droits humains? Nestlé s’en occupe. Nestlé s’implique dans un programme de lutte contre le travail d’enfants. Nestlé reconnaît et supporte l’existence de syndicats libres.
Il y a de quoi être désarçonné·e par cette démonstration. Nestlé a tout prévu, a prédit toutes les critiques. La machine est parfaitement huilée. On en vient presque à se demander si l’entreprise cotée en bourse ne serait pas à l’avant-garde de la lutte pour un monde meilleur, plus égalitaire, plus vert, comme une véritable une œuvre humanitaire. Pourtant, il ne faut pas oublier qu’à côté du département com’, il y a nécessairement la section finances. Et celle-ci a un objectif légèrement différent. Son audience n’est pas la même. Elle n’a pas à convaincre des consommateur·rices un peu trop à cheval sur des «questions sociétales» ou des associations un peu trop regardantes. Ceux qu’elle doit convaincre, ce sont les investisseurs. Et ces gens-là ont une autre préoccupation directrice. Pour y voir clair, il suffit de cliquer sur l’onglet prévu pour les «investors», dans lequel le «financial performance highlight» occupe la place prépondérante. Ici ce ne sont plus des visages de personnes diverses et souriantes qui s’affichent, mais des graphiques gradués et des courbes dont la croissance ne doit en aucun cas connaître le moindre fléchissement. Il y a des chiffres et des pourcentages qui disent tous à peu près la même chose: la firme est rentable. Très rentable, depuis des années. Non loin, on aperçoit l’Executif Board de Nestlé. Ici, les visages-sourires sont toujours de mise. En revanche, ils sont nettement moins divers et nettement plus homme-blanc-de-60-ans-avec-costard-bleu.
Des petits procès personnels, gérés avec ses avocat·es et ses milliards personnels
Après avoir farfouillé un peu sur le site officiel, un détour vers d’autres pages – toujours important de diversifier ses sources! – permet de dévoiler des histoires qui ne trouvent étonnement pas leur place dans le discours rouleau compresseur officiel. Rapide tour d’horizon non exhaustif.
Il est déjà de notoriété publique que la savante idée de privatiser l’eau pour qu’enfin on en prenne soin a été formulée par Peter Brabeck, PDG de la multinationale de 1997 à 2008. La mémoire collective est une source suffisante pour commencer à se méfier.
Le Courrier remarquait en 2021 que Nestlé montait sur la troisième marche du podium de la course à la plus grande pollution plastique1>lecourrier.ch/2022/11/15/pollution-plastique-coca-pepsi-et-nestle-sur-le-podium/. En partant de cette position, on comprend que diminuer ses emballages ne doit pas être si difficile, tant la marge de progression est grande. S’en vanter par contre relève un peu de la mauvaise foi. Solidar Suisse rapporte que Nestlé est un des plus grands producteurs d’huile de palme, dont chacun·e sait que la production détruit les sols. Sait-on aussi que nombre de ses exploitations fonctionnent grâce au travail d’enfants? 2>solidar.ch/fr/nestle-importe-de-l-huile-de-palme-issue-du-travail-force-et-du-travail-des-enfants/ Attac, l’association infiltrée par Nestlé-même, liste le nombre faramineux de conflits du travail dans lesquels le groupe s’est illustré par son désintérêt – c’est un pléonasme – pour les droits de ses employé·es: en Corée du Sud, en Colombie, aux Philippines, en Chine, licenciements de masse, intimidations des travailleur·euses pour les empêcher de se syndiquer, répression de manifestations, licenciement systématique des ouvrier·es syndiqué·es, collaboration avec des camps de travail forcé.
On peut presque se demander si les haut·es dirigeant·es de la firme ont seulement conscience de toutes ces affaires? Si oui, comment vivent-ielles au quotidien, sachant que leur géant casse, fracasse et exploite? Si non, peut-on faire confiance à un bateau si monstrueux qu’il ne se connaît pas lui-même?
Indépendamment du fait de savoir comment ces hauts cadres gèrent cognitivement leur rôle dans cette machinerie, prenons un peu soin de nous: en effet c’est dur de ne pas devenir schizophrène face à des informations diamétralement contradictoires. Nestlé versus ONGs critiques, une de ces deux équipes est nécessairement en train de raconter n’importe quoi dans le plus grand des calmes… Mon intuition me porte à croire que l’invention marketing est plutôt du côté de…
Si la multinationale suisse a trempé dans un nombre conséquent d’affaires peu reluisantes, n’oublions pas qu’elle se bat sur un marché peuplé de nombreuses autres firmes transnationales poursuivant des politiques très similaires. Chacune a ses petits procès personnels qu’elle gère avec ses avocat·es et ses milliards personnels. Mais ce que toutes ont en commun, c’est l’inaccessibilité à leurs postes de direction et leurs espaces de décision pour le «bas peuple». Les multiples «headquarters», tours d’ivoire dans le style des bâtiments de Nestlé à Vevey (majestueux, spacieux, impérieux), accueillent toute une population conformiste de cadres formé·es dans des écoles d’économie occidentales. Ces cadres sont élu-es par des actionnaires au profil similaire, avec pour seule différence marginale la hauteur encore plus astronomique de leur fortune.
Il s’agirait peut-être de sortir de l’anachronique suffrage censitaire toujours d’actualité dans toutes les structures actionnariales: 1 dollar, une voix. Corollaire: 0 dollar, 0 voix. Il est notoire que les personnes ayant investi la somme suffisante dans des grandes entreprises pour pouvoir y faire entendre leurs opinions ne sont pas pléthore. Si Nestlé se voulait réellement inclusive, elle pourrait laisser un droit de parole et de décision à ces populations – si diverses! comme se plait à se vanter la firme – qui travaillent pour elle.
Notes
«Chocolat, quand tu nous tiens…»
Finaliste du concours de la Semaine de la durabilité UNIL-EPFL, Flavian Pichonnat retrace avec dérision la saga du groupe zurichois Barry Callebaut, no1 mondial du chocolat et des produits cacaotés, aujourd’hui adepte du capitalisme vert. L’occasion de voir comment, au détour du 21e siècle, les multinationales du cacao ont «appris que l’esclavagisme était un peu embarrassant…».
Vous ne connaissez peut-être pas son nom, ni son apparence, mais très probablement son goût. A vrai dire, il se peut, en tant que personne résidant sur le sol suisse, que vous le côtoyiez quotidiennement. Il s’agit du premier fabricant mondial de chocolat et de produits à base de cacao, dont le nom est Barry Callebaut, basé à Zürich. L’entreprise se targue d’approvisionner mondialement une fève de cacao sur cinq. Alors si vous êtes friand·e de chocolat, il est fort probable que vous soyez tombé·e sous la dent de la multinationale. Mais qu’importe, quand la production de cacao est connue pour être «responsable» vis-à-vis de la nature et que le travail et la traite des enfants dans cette industrie sont combattus depuis déjà vingt ans! C’est peu dire… Mais ne soyons pas mauvaise langue et allons visiter le merveilleux monde de Charlie et la Chocolaterie.
Tout d’abord, un petit tour du propriétaire permet de mieux discerner qui est cette entreprise qui contribue à raviver les papilles gustatives de ses client·es. Ce monstre chocolaté résulte d’une fusion entre l’entreprise belge Callebaut et la française Cacao Barry en 1996. Les deux sociétés prirent naissance au milieu du XIXe siècle – une belle époque où l’esclavagisme permettait la montée en puissance d’industriels en Europe. De fait, ce n’était pas un hasard si la fabrication de mets chocolatés émanait de pays colonisateurs comme la Belgique et la France. Et que, de nos jours, les deux tiers de la production globale de cacao proviennent de la Côte d’Ivoire et du Ghana – deux pays qui furent colonisés. Il fallait tout de même bien trouver des débouchés commerciaux à une denrée alimentaire telle que le cacao! D’autant que les élites coloniales y prirent vite pris goût – avec un supplément de sucre. Or sa production à titre commercial ne pouvait se faire sans une mise en esclavage des populations colonisées en Amérique latine et en Afrique. Après tout, c’est l’art même de la production capitaliste: rendre désirable ce qui est visible, et invisible ce qui est indésirable.
De nos jours, le commerce du chocolat fait décidement recette: Barry Callebaut a engrangé 8,1 milliards de francs de chiffre d’affaires durant son année fiscale 2021/2022. Avec un profit net de 360 millions, les affaires tournent pour la multinationale qui se veut pionnière dans la fabrication de chocolat dit durable – histoire que les profits le restent aussi. Cependant, bien que l’entreprise ait une longue expérience dans la commercialisation du chocolat, elle semble avoir de la peine à se défaire de quelques habitudes (inhérentes?) issues de la production de son or brun. La culture industrielle de cacao impacte négativement son milieu naturel, en lien avec la déforestation ou l’utilisation de phytosanitaires. Sur le plan social, le travail des enfants dans la culture cacaotière semble être plutôt la règle que l’exception, qui plus est, les conditions de travail avoisinent celles de l’époque coloniale. Mais pour protéger son modèle d’affaires, Barry Callebaut s’est lancée dans la lutte pour un chocolat durable avec des résultats probants!
Quand les intentions se substituent aux actions
Comme toute entreprise responsable digne de ce nom, Barry Callebaut n’a pas attendu que les autorités américaines, ou plutôt les citoyens et les citoyennes, s’effraient que le cacao utilisé pour le chocolat soit produit par des esclaves. En fait si. C’est en 2001 que le protocole Harkin-Engel est signé par huit multinationales du cacao – dont Barry Callebaut, l’exemplaire Nestlé et ADM –, des agences américaines, des organisations non gouvernementales et par l’Organisation internationale du travail (OIT)1> www.publiceye.ch/fr/thematiques/negoce-agricole/travail-des-enfants-sur-les-plantations-de-cacao-deux-decennies-de-perdues. L’accord avait pour but que les entreprises prennent des mesures pour identifier et éliminer le travail des enfants. Sur une base volontaire, les mêmes multinationales qui profitent (financièrement) de l’exploitation d’êtres humains doivent alors résoudre des problèmes dits de société.
Mais la responsabilité d’une entreprise n’est-elle pas de maximiser les profits pour ses actionnaires, selon les dires d’un certain économiste américain, Milton Friedman, fricotant avec un certain dictateur chilien, Augusto Pinochet? Or, depuis que le travail esclavagiste est reconnu officiellement comme un problème, il semblerait que les entreprises aient pris à bras le corps la lutte contre le travail forcé. Il est vrai que, concrètement, le protocole Harkin-Engel n’incluait pas de lois contraignantes. Mais au moins les industriels ont-ils appris que l’esclavagisme était un peu embarrassant… L’esclavage moderne défini par l’OIT renvoie «aux situations d’exploitation qu’une personne ne peut refuser ou quitter en raison de menaces, de violences, de coercition, de tromperie ou d’abus de pouvoir»2>www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_855062/lang–fr/index.htm. Cela comprend le travail forcé et le mariage forcé; à l’échelle mondiale, le premier touche plus de 27,6 millions de personnes et le second 22 millions en 2021.
Mesurer pour prendre la température
Alors que le nombre de personnes soumises au travail forcé a augmenté de 2,7 millions entre 2016 et 2021, Barry Callebaut identifie mieux le nombre d’enfants qui «travaillent» dans la culture de cacao. Elle s’est fixé pour but d’éradiquer totalement le travail des enfants d’ici 2025! La volonté semble y être, en tout cas. Mais quelle est la solution proposée par la société? Selon son dernier rapport d’activité, «la solution ne réside pas dans l’arrêt des activités d’approvisionnement de ces régions, mais en évaluant, en contrôlant et en remédiant sur le terrain au risque d’implication des enfants dans le travail des enfants».3>Barry Callebaut. Forever Chocolate Progress Report. 2022.La fin de l’approvisionnement dans des zones ou pays à risque impacterait négativement le chiffre d’affaires de l’entreprise. Or une évaluation permet a posteriori de savoir si les fournisseurs font appel à l’esclavage moderne ou non, et ne s’oppose pas à l’intérêt des actionnaires.
En 2021, la multinationale a identifié 25 235 enfants travaillant dans sa chaîne de production. Une belle hausse de 18% par apport à l’année précédente! Cette augmentation est due au fait que l’entreprise a couvert un plus grand nombre de communautés – il existe peut-être d’autres raisons, mais qui sait? Par ailleurs, 100 743 fermier·ères ont été sensibilisé·es au travail des enfants par la fondation Cocoa Horizons, fondée en 2015 par… Barry Callebaut. Il est évident que c’est avec plaisir que des parents envoient leurs enfants travailler au lieu de leur offrir une éducation. Au moins maintenant, ils sauront que c’est mal… Quant à la mise en «esclavage moderne» des adultes, la question ne semble pas encore se poser sérieusement. Même s’il faut relever que l’entreprise souhaite sortir 500 000 cultivateur·rices de la pauvreté d’ici 2025 – une personne étant considérée dans le même rapport d’activité comme (extrêmement) pauvre lorsqu’elle a moins d’un dollar et 90 centimes par jour, selon la Banque mondiale. Cette mesure quantitative est bien pauvre, c’est peu de le dire.
Le jeu du chat et de la souris
La volonté de Barry Callebaut d’améliorer les conditions de travail des cultivateur·rices de cacao n’est plus à prouver. Elle souhaite même inverser la déforestation en lien avec la culture cacaotière. De fait, c’est bien 25% des matières premières «sourcées» [sélectionnées] qui ne contribuent pas à la déforestation. Il n’y a heureusement que 75% qui mettent à mal la biodiversité. Pour se donner une idée de l’ampleur du phénomène, ces trente dernières années se sont traduites par une perte du couvert forestier significative pour les deux pays gros producteurs de cacao: le Ghana a perdu 65% de ses forêts, tandis que 90% du couvert forestier de Côte d’Ivoire ont disparu4>Baromètre du cacao 2022.. Cela dit, il reste de la marge pour raser du terrain, pour une entreprise telle que Barry Callebaut.
En soi, l’entreprise se défend en disant que c’est le rôle des gouvernements de mettre en place un cadre légal adéquat pour éviter les dérives de la loi du marché. Elle n’a pas tout à fait tort. Mais les autorités suisses adoptent, à leur habitude, une approche volontariste, avec notamment la plateforme suisse du cacao durable. On serait presque tenté de croire que la multinationale incite les parlementaires à ne pas (trop) intervenir dans ses affaires. D’ailleurs l’entreprise est membre de Chocosuisse, la fédération suisse des fabricants de chocolat, dont le président appelait à rejeter l’initiative populaire «Entreprises responsables – pour protéger l’être humain et l’environnement» en 20205>www.letemps.ch/opinions/convient-rejeter-linitiative-entreprises-responsables-lutter-efficacement-contre-travail. Il faut comprendre ces multinationales, qui défendent leurs gagne-pain avec une dose de cynisme, deux doigts de propagande et quelques billets de banque. Finalement, il ne faut pas être fait en chocolat pour défendre ses intérêts financiers, quitte à mettre la responsabilité sur les becs à bonbons.
Notes
«Un avenir radieux, foi de multinationale!»
Classé hors compétition au concours de la Semaine de la durabilité UNIL-EPFL, Max Ferréol a exprimé sa créativité sous la forme journalistique, par un (com)plaisant compte-rendu de conférence de presse. Quand Glenfitol, géant fictif du pétrole radioactif, nous promet grâce à ses mesures un «avenir radieux»…
Pour un avenir radieux: Glenfitol présente ses mesures courageuses
Lors d’une conférence de presse organisée hier à Genève, Glenfitol a présenté son nouveau rapport de durabilité et les principales décisions de son programme ambitieux. Geo-proximiting, active recycling, heat perfectioning: une série de mesures novatrices et courageuses.
Dans son rapport de durabilité intitulé «Pour un avenir radieux», le négociant en pétrole radioactif Glenfitol expose son ambitieux programme pour 2023-2025. En réaction aux critiques formulées depuis plusieurs années par des syndicats et organisations environnementalistes, la société lance un train de mesures novatrices visant à «redéfinir les modes d’approvisionnement et de transformation d’un secteur résolument tourné vers l’avenir», selon les termes de son porte-parole, Jean Brouille.
Parmi les mesures phares présentées hier: le geo-proximiting, «un benchmark novateur de relocalisation efficiente». Annoncée pour le second semestre 2023, cette démarche audacieuse vise à économiser de précieux litres de carburant en réduisant les distances parcourues par le CEO du groupe, Thierry Thié, pour rejoindre son jet privé. Un montant de 50 millions de francs suisses sera donc investi dans une résidence lacustre située à Cologny. Ainsi, la limousine de M. Thié n’aura plus que 13 kilomètres à parcourir pour le conduire à l’aéroport de Genève, au lieu des 17 km qui séparent Cointrin de son actuelle villa de Bellerive, que le CEO n’occupera désormais plus que les week-ends.
«Le geo-proximiting: un benchmark novateur de relocalisation efficiente», Jean Brouille. Cet investissement est qualifié de «raisonnable» par le Chief Financial Officer de Glenfitol, Michel Vauleure, pressenti pour emménager dans l’une des dépendances de la nouvelle demeure. Si le rapprochement géographique reste relatif, c’est pour «préserver le repos amplement mérité du maître à penser de la société, et pour lui permettre de continuer à profiter des abords du lac Léman, source d’inspiration de celui qui a su propulser l’entreprise familiale en tête des chiffres d’affaires du secteur», précise M. Vauleure. Le cabinet de conseil Win-Win, à l’origine du concept, promet qu’au-delà des conséquentes économies d’essence réalisées, cette décision de geo-proximiting permettra également de ménager le chauffeur de M. Thié, ajoutant au gain écologique une approche à portée sociale.
Une approche soucieuse de l’environnement. Sur le plan strictement écologique, l’engagement de la société se manifestera ces deux prochaines années à travers toute une série de mesures ambitieuses, au premier rang desquelles figure le heat perfectioning, que le groupe s’est engagé à mettre en œuvre dès juin 2023. Ce mécanisme révolutionnaire consiste en une réduction radicale de 0,5 degré dans la température de la piscine intérieure de la villa de Bellerive de M. Thié, qui montre ainsi qu’il sait lui aussi faire des concessions pour lutter contre le changement climatique. Le principal intéressé n’a pas encore pu confirmer si cette décision courageuse sera également appliquée au bassin olympique qu’il prévoit de faire construire dans le sous-sol de sa nouvelle résidence.
Autre engagement en faveur de l’environnement, le direct packaging, en vertu duquel le pétrole radioactif de Glenfitol ne sera plus conditionné à Monthey, mais directement à Mordor, où il est raffiné depuis de nombreuses années à travers les services externalisés de sous-traitants de fournisseurs subcontractuels indépendants. Le Chief of Operations, Mani Gance, assure que la mention «Made in Switzerland» sera toutefois préservée sur les produits de la firme puisque les étiquettes des containers seront toujours apposées dans l’ancien site d’emballage de Monthey, qui réduira ainsi ses effectifs de 1500 personnes à 12, une économie non négligeable pour le groupe, quoiqu’en disent les rageux syndicats.
Toujours en matière d’approvisionnement, il a été décidé d’adopter une approche plus soucieuse du climat en revoyant le catalogue des produits achetés par le groupe. La priorité sera désormais donnée aux aliments locaux produits dans un rayon de 3000 kilomètres au maximum. Conséquence directe de cette stricte limite: la cave de M. Thié sera dorénavant exclusivement remplie avec des vins européens, et le CEO s’est engagé à boire en priorité les 1500 bouteilles californiennes et sud-africaines stockées au sous-sol du siège.
Ressources humaines et recyclage. Le bien-être du personnel jouit par ailleurs d’une place de choix dans le programme 2023-2025 puisque le conseil d’administration de la maison de négoce genevoise a décidé de soigner l’environnement de travail des managers en installant à leur étage les tapis persans qui ornaient jusqu’à récemment les bureaux de la haute direction. «L’active recycling a toujours été une priorité pour nous», s’est félicitée Krühella Schmutzli, Responsable des Ressources Humaines. Ce penchant pour le tri sélectif se confirme cette année encore par le fort taux de roulement constaté dans les effectifs du groupe: 35% des employé·es ont en effet été invité·es à se recycler en embrassant une nouvelle carrière, dans une entreprise de leur choix.
Toujours soucieuse du confort de son personnel, Glenfitol va également entamer une révision de son règlement intérieur afin d’améliorer les conditions de travail de toute son équipe suisse. Connexion internet plus rapide, serveurs plus performants et automatisation du contrôle du temps de travail: le groupe ne recule devant rien pour accroître les performances de son staff. «Ce gain de productivité aura à n’en point douter une incidence non négligeable sur la satisfaction du personnel en renforçant son sentiment du devoir accompli, clé de voûte du bien-être au XXIe siècle», précise Mme Schmutzli.
Si rien n’a encore été annoncé sur le cadre contractuel des dizaines de milliers de personnes employées dans la fabrication et le raffinage des produits Glenfitol à travers le monde, la direction assure avoir pris les devants en envoyant un courrier électronique à une longue liste (probablement assez exhaustive) de ses sous-traitants. Dans cette missive au ton catégorique, les fournisseurs ont été invités à réfléchir à l’éventualité d’une possible révision potentielle des conditions d’emploi officiellement en vigueur. Un signe indubitable que le groupe prend ses responsabilités au sérieux, tout au long de sa longue chaîne d’approvisionnement.
La parole donnée aux détracteurs. Au moment de conclure sa conférence de presse, Glenfitol a montré toute la mansuétude qui la caractérise en accordant 17 secondes aux organisations de la société civile présentes dans la salle. Profitant de ce généreux temps de parole, les ONG, manifestement jalouses, ont critiqué la mesure de geo-proximiting, y voyant une «simple excuse pour acheter une nouvelle villa». En réponse à cette accusation totalement déplacée, Jean Brouille a judicieusement rappelé que les 150 pages du rapport de durabilité de l’entreprise avaient été imprimées sur du papier recyclé biologique. Avant de conclure: «Comment peut-on oser remettre en question notre engagement socio-durabiliste au vu des choix courageux que le groupe ne cesse de faire chaque année?». Il semble en effet que la réussite fasse toujours des envieux.