Édito

Le degré 2.0 de l’économie

Le degré 2.0 de l’économie
Ce recours à l’arme juridique fait désormais partie du modèle d’affaires de ces entreprises globalisées. KEYSTONE
Uber

Des pratiques qui font partie du modèle d’affaires. Mercredi passé, le Tribunal fédéral (TF) a confirmé une nouvelle fois que les chauffeur·es d’Uber exercent bien une activité lucrative dépendante et, qu’à ce titre, les cotisations sociales AVS sont dues.

Sans surprise, la multinationale étasunienne a immédiatement commencé à finasser, tentant de limiter la portée de l’arrêt à l’année 2014, à arguer d’un nouveau modèle d’affaires. Bref, on sent que les employé·es de l’entreprise enregistrée à Zurich ne sont pas près de recevoir leur dû.

Ce recours à l’arme juridique fait désormais partie du modèle d’affaires de ces entreprises globalisées. On le voit dans d’autres domaines comme la construction, voire même la culture (où l’attribution des directions de théâtres est désormais soumise à l’accord intercantonal sur les marchés publics). Une armada d’avocats permet de jouer la montre, de décourager les travailleuses et les travailleurs de revendiquer leurs droits, bref de s’affranchir de la loi.

Devant ce jeu du chat et de la souris, les collectivités publiques sont désarmées. Raison de plus pour taper du poing sur la table et pour arrêter de se laisser danser de la sorte sur le ventre. Plusieurs arrêts du Tribunal fédéral sanctionnent le capitalisme 2.0 à la sauce Uber; les collectivités publiques seraient fondées à bloquer l’activité de la multinationale tant qu’elle ne respecte pas le droit du pays hôte. Elle n’a qu’à recourir comme elle sait si bien le faire, si elle entend continuer à déployer son activité. Une manière de retourner le fardeau de la preuve pas plus roublarde que les pratiques du transporteur californien. Et c’est sans doute le seul langage que celui-ci est en mesure d’entendre.

Opinions Édito Philippe Bach Uber

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