Radio, quo vadis?
En 2025, le studio de la radio de la RTS quittera le plateau de la Sallaz pour la plaine de Dorigny. Après la fermeture du studio de Genève, il y a plus d’une vingtaine d’années, voici un nouveau palier, géographique pour le moins, dans l’histoire de la Radio suisse romande: le passage de l’urbain au champêtre. Au franchissement du pont sur la Chamberonne à Dorigny, on se prendrait à rêver de Giverny. Après la mésalliance avec la télévision, en raison de l’incompatibilité des deux médias – à mes yeux et surtout à mes oreilles –, la radio célébrerait des épousailles lumineuses avec la gent universitaire impatiente d’accueillir les héritiers de Guglielmo Marconi afin de pouvoir organiser des manifestations culturelles tous azimuts comme des concerts, des conférences, des représentations théâtrales, etc.
En gros, tout ce que la RTS a perdu en cours de route, à savoir son radio-théâtre, heureuse alternative aux séries américaines du petit écran, les musiciens de l’Orchestre de chambre de Lausanne qui avaient rendez-vous au studio Victor Desarzens, les interprètes de l’Orchestre de la Suisse romande qui pouvaient répéter dans la salle Ernest-Ansermet. Ainsi, ces deux ensembles prestigieux offraient-ils à leur public des concerts de haute volée, à la maison de la radio. Qu’en est-il par ailleurs du Chœur de la Radio suisse romande à Lausanne? Que fait et que fera la RTS? Où est son rôle participatif? Les radios locales ont-elles pris la place désertée par la radio «officielle»? Il y a quarante ans, lors d’une réunion plénière, Michel Dénériaz avait suggéré à la SSR d’étendre son territoire dans cette direction régionale, locale, faisant de chaque capitale cantonale un studio indépendant, avec décrochage sur La Première.
Là où les employés participent à la gouvernance de leur entreprise, le succès est au rendez-vous et cela évite parfois les erreurs de direction. L’Allemagne l’a compris dès les années septante.
Et, faut-il rappeler, en conclusion, qu’à sa naissance, la radio a choisi de mettre en valeur deux choses: la musique et la littérature.
Alphonse Layaz, Bex