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Désinformation et loi de Brandolini

Daniel Cevey invite à s’organiser pour lutter contre les fausses informations.
Médias

La guerre de l’information est ouverte. Manipulation, fake-news, désinformation et idées reçues prennent désormais le pas. Grands de ce monde, complotistes, influenceurs, inondent presse, réseaux sociaux et Net, détournant systématiquement la vérité, scientifique ou historique. Et ce n’est pas la loi de Brandolini qui va nous rassurer: «La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter des sottises est supérieure d’un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire.»

Ainsi, pour tenter de contrer efficacement, preuves scientifiques ou historiques à l’appui, une ânerie ou un mensonge que son auteur a mis quelques minutes à rédiger et à propager, plusieurs heures seront probablement nécessaires. D’autant plus que la désinformation s’appuie sur des outils et des mécanismes puissants. L’intelligence artificielle permet de créer des documents faux mais convaincants.

D’autre part, des études ont montré que les fausses informations se propageaient beaucoup plus vite et touchaient beaucoup plus de monde que les vraies (MIT, CSA).

Dès lors, comment se prémunir contre ce flot ininterrompu de mensonges, tromperies et désinformations? Il faut attaquer le problème à la base, en sensibilisant très tôt les jeunes, gros consommateurs de réseaux sociaux, aux dangers liés à l’infox, en développant leur esprit critique, en leur donnant des armes pour déceler le vrai du faux, notamment en leur apprenant à recouper les informations et à en vérifier les sources. Et cet effort est à poursuivre pour toutes les classes d’âge.

Nous sommes désormais entrés dans ce que certains nomment «l’ère post-vérité» de l’information, ce qui doit nous contraindre à redoubler de vigilance. Ni les moyens de propagation (gouvernements, réseaux sociaux, partis politiques, complotistes), ni les sujets (réchauffement climatique, vaccins, Covid, Brexit, élections, discréditation de la science ou de la presse, etc) ne manquent.

Des garde-fous se mettent en place, notamment par le biais de journalistes d’investigation pratiquant systématiquement le fact-checking. Des sites de contrôles existent. «Combattre l’ignorance et répandre une vision du monde basée sur les faits est un mode de vie parfois difficile, mais au bout du compte enthousiasmant et joyeux.» (Hans Rosling in Factfulness, éd. Flammarion, 2019)

La résistance s’organise à tous les niveaux, mais le combat est rude et de loin pas gagné d’avance. A chacun de nous d’agir résolument et fermement, notamment en soutenant la presse de qualité.

Daniel Cevey,
Crans (VD)

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