Genève penche à droite
A trois semaines des élections cantonales, les votations qui se sont tenues dimanche au bout du lac ont tout d’un inquiétant augure. Qu’il s’agisse de l’initiative «Zéro pub», refusée par une courte majorité en ville de Genève, ou de l’initiative cantonale pour imposer pleinement les gros actionnaires, rejetée plus largement, les milieux économiques ont imposé leur doxa.
Jouant de la peur, dans un contexte marqué par une succession de crises et d’incertitudes, la droite a servi sa soupe néo-libérale classique. Imposer davantage les actionnaires? Folie qui ferait fuir les gros contribuables et qui freinerait les financements. Pourtant, les chiffres le montrent: réduire l’imposition n’encourage pas les investissements mais augmente la part des bénéfices reversés aux actionnaires.
Supprimer la publicité en Ville? Cela coulerait les petites entreprises locales tout en plombant les finances publiques. En faisant craindre une perte de recettes susceptible d’affaiblir les prestations sociales, la droite a fait mouche. Pourtant, celles-ci n’ont rien à craindre. On vient juste d’apprendre que le canton afficherait un excédent de 1,3 milliard de francs pour 2022 en lieu et place d’un déficit prévu de 295 millions. Un chiffre qui repose justement sur les bénéfices records du trading. Taxons-les davantage.
Les PME pour leur part ne tireront guère de bénéfice du refus de Zéro Pub, car les petits commerces n’ont en réalité que très rarement l’occasion de s’offrir de l’affichage publicitaire. Alors brandir la carte de la proximité pour les super capitalistes que sont la Migros et la Coop, eux-mêmes responsables de la disparition de nombre de commerces locaux… c’est carrément indécent. Dommage, car la Ville tenait là une sérieuse opportunité d’affranchir nos rues et nos imaginaires du spectacle incessant de la marchandise.
La droite a gagné sur un autre plan ce dimanche. Certes, la gauche en faisant passer le pro-jet de densification de Bourgogne poursuit sa politique du logement pour offrir aux habitant·es, y compris et surtout modestes, un lieu de vie proche des commodités et propice à la mobilité douce. Mais qu’on se méfie de la complaisance des Vert’libéraux, du Centre et du PLR. Aucun des programmes de ces partis n’ambitionne de sous-traire de tels projets de densification à la spéculation immobilière. Or c’est bien à cette condition sine qua non que le sacrifice des zones villa vaudra la peine d’être fait.